Lors du Sommet des dirigeants mondiaux de la COP29 à Bakou , les chefs d’État africains ont lancé un appel pressant pour que les ressources naturelles du continent soient prises en compte dans la mesure du produit intérieur brut (PIB) des pays.
Cette initiative pourrait profondément transformer la manière dont la richesse des nations africaines est perçue à l’échelle mondiale. En particulier, les forêts africaines, notamment celles de la RDC, sont vues comme un atout majeur dans la lutte contre le changement climatique. Ces écosystèmes jouent un rôle clé dans la séquestration du carbone, le contrôle de la pollution, ainsi que dans la régulation de l’eau et la fertilité des sols. Si ces services écosystémiques étaient correctement valorisés, ils pourraient ajouter une valeur significative au PIB de la RDC et des autres pays riches en biodiversité.
La RDC abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, après celle de l’Amazonie, et détient une part considérable du potentiel de séquestration du carbone planétaire. Le pays dispose également de ressources naturelles abondantes, allant des minerais aux écosystèmes forestiers et aquatiques. Cependant, selon les experts, ces atouts sont souvent négligés dans les calculs économiques traditionnels. Le Président Denis Sassou Nguesso de la République du Congo, à l’origine de cette proposition, a souligné qu’« il est essentiel que le capital naturel de l’Afrique, souvent ignoré, soit intégré dans le calcul de la richesse nationale ».
Le fait que la RDC et d’autres pays africains possèdent des ressources naturelles d’une telle valeur devrait logiquement se refléter dans leur PIB, mais actuellement, ces éléments sont largement sous-évalués, voire non pris en compte dans les bilans économiques.
La biodiversité de la RDC, qui comprend des écosystèmes variés allant des savanes aux jungles profondes du bassin du Congo, est une des plus grandes ressources naturelles du continent. Mais selon l’Initiative pour la mesure du PIB vert, lancée par des leaders africains, il apparaît qu’une telle richesse ne se traduit pas toujours en retombées économiques réelles pour les pays concernés.
Dr Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD), a rappelé que la valeur des ressources naturelles de l’Afrique est estimée à 6,2 trillions de dollars, soit plus de deux fois et demi la valeur du PIB du continent en 2018. Si cette richesse était correctement mesurée, la RDC pourrait voir son économie se renforcer considérablement. En ajustant le PIB africain selon les critères de la séquestration du carbone, la BAD estime que les pays du continent pourraient bénéficier d’un supplément de 66,1 milliards de dollars en 2022, ce qui pourrait rivaliser avec les économies de 42 pays africains réunis.
L’un des enjeux soulevés lors de cette rencontre à Bakou a été de repenser la relation entre les pays africains et les marchés mondiaux de la compensation carbone. La RDC, comme d’autres pays riches en ressources naturelles, pourrait jouer un rôle clé dans l’augmentation de la valeur de ces services environnementaux, mais elle pourrait également en pâtir si les transactions en crédits carbone continuent d’être déséquilibrées. Actuellement, les prix du carbone en Afrique sont bien plus bas qu’en Europe, où une tonne de carbone peut être échangée à des prix très élevés. Cela entraîne une sous-évaluation de la séquestration du carbone réalisée sur le continent. Si ces échanges étaient mieux régulés, la RDC pourrait tirer davantage de bénéfices économiques de ses forêts, tout en contribuant de manière substantielle à la lutte mondiale contre le changement climatique. La proposition de mesurer le PIB « vert » pourrait représenter une opportunité majeure pour la RDC de repositionner son économie sur la scène mondiale, en valorisant ses ressources naturelles et sa biodiversité exceptionnelles. À condition de surmonter les défis économiques et financiers liés à cette initiative, le pays pourrait enfin bénéficier d’une reconnaissance internationale à la hauteur de son potentiel écologique. Alors que les négociations mondiales sur le climat et le financement de la transition énergétique se poursuivent, la RDC, avec ses forêts et sa biodiversité, pourrait bien devenir un acteur clé dans le futur de l’économie verte mondiale.
Par kilalopress