RDC : Eve Bazaiba confirme la hausse des émissions de méthane en RDC et alerte sur les risques climatiques

Les zones humides tropicales du monde entier, et en particulier celles situées dans le bassin du Congo, sont désormais considérées comme un des principaux contributeurs à l’augmentation des émissions de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant. De récentes études scientifiques ont mis en lumière une explosion des concentrations de méthane dans l’atmosphère, menaçant d’aggraver encore la crise climatique et de rendre plus difficile l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.

Entre 2020 et 2022, les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés depuis le début des mesures fiables dans les années 1980. Cette augmentation est principalement imputable aux zones humides tropicales, qui, sous l’effet de la chaleur croissante, libèrent davantage de méthane — un gaz 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) pour emprisonner la chaleur sur une période de 20 ans. Selon plusieurs études récentes, les émissions de méthane issues des zones humides tropicales, notamment celles du bassin amazonien, du sud du Brésil, du Sud-Est asiatique et de la République Démocratique du Congo (RDC), ont contribué à hauteur de plus de 7 millions de tonnes à cette hausse globale des émissions. Les scientifiques préviennent que cette tendance pourrait rendre plus difficile la réduction des émissions mondiales et compliquer les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, un objectif central de l’Accord de Paris.

La République Démocratique du Congo, un point chaud mondial

La RDC, et en particulier le bassin du Congo, se distingue comme l’une des régions les plus importantes en matière de méthane émis par les zones humides tropicales. Selon les dernières données du Global Methane Budget de septembre 2024, le pays figure parmi les plus grands contributeurs à cette hausse. Les forêts marécageuses et les zones humides de la RDC, qui recouvrent une vaste superficie de la région, stockent d’énormes quantités de carbone sous forme de matière organique morte. Sous l’effet de températures croissantes et de pluies intenses, ces zones libèrent progressivement plus de méthane.

Eve Bazaiba, ministre de l’Environnement de la République Démocratique du Congo, a confirmé cette tendance inquiétante lors de la COP29. Elle a indiqué que le pays travaillait activement à évaluer les émissions de méthane provenant de ses forêts marécageuses et de ses zones humides. “Nous ne savons pas encore exactement combien de méthane provient de nos zones humides”, a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité d’investir dans la surveillance et l’inventaire de ces émissions. Elle a également exprimé l’importance de faire appel à des partenaires internationaux pour soutenir ces efforts de mesure et d’atténuation.

L’augmentation rapide des émissions de méthane dans les zones humides tropicales représente un défi majeur pour les pays qui tentent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le méthane étant un gaz à effet de serre de courte durée, il est plus difficile à capturer et à contrôler que le dioxyde de carbone. La RDC, tout comme d’autres nations, est confrontée à la complexité de surveiller et de quantifier ces émissions, car les technologies actuelles sont encore limitées dans leur capacité à détecter et à mesurer le méthane émis par les zones humides. Cependant, des efforts sont en cours pour améliorer ces techniques. Les instruments satellitaires, de plus en plus sophistiqués, permettent d’identifier et de localiser les émissions de méthane en temps réel. Mais les chercheurs rappellent que les émissions de méthane provenant des zones humides pourraient ne pas être entièrement prises en compte dans les plans d’émissions nationaux, ce qui rend l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux encore plus incertaine.

La montée des émissions de méthane des zones humides, en particulier dans des régions sensibles comme le bassin du Congo, implique des conséquences de grande envergure pour la politique climatique internationale. Pour les gouvernements, cela signifie qu’ils devront revoir leurs stratégies de réduction des émissions, en particulier dans les secteurs de l’agriculture et des combustibles fossiles. En effet, la diminution des émissions de méthane provenant des forages pétroliers et gaziers reste un défi, malgré les engagements de réduction de fuites de méthane de la part de pays comme la Chine et les États-Unis. Les scientifiques affirment que si les émissions de méthane continuent d’augmenter, des actions plus radicales devront être prises pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. “Nous devrions probablement être un peu plus inquiets que nous ne le sommes”, a récemment déclaré Drew Shindell, climatologue à l’Université de Duke.

Pour les pays tropicaux, dont la RDC, cela implique un double défi : gérer leurs écosystèmes fragiles tout en contribuant activement aux efforts mondiaux pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le travail de la RDC pour mieux comprendre et surveiller les émissions de méthane de ses zones humides est une étape cruciale dans cette direction.

Ces découvertes scientifiques mettent en évidence un nouveau défi pour la lutte contre le changement climatique, avec un rôle central joué par les zones humides tropicales, et notamment celles de la République Démocratique du Congo. Face à la hausse continue des émissions de méthane, il devient impératif pour les gouvernements du monde entier, et particulièrement dans les régions tropicales, de renforcer leurs efforts pour surveiller, quantifier et réduire ces émissions. Si la tendance se poursuit, la fenêtre pour limiter efficacement le réchauffement climatique pourrait se fermer bien plus rapidement que prévu.

Par Franck zongwe lukama

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