KINSHASA, 4 septembre 2025 – La Ligue Congolaise de lutte contre la Corruption (LICOCO) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : l’exploitation illégale de l’or par des ressortissants chinois et autres étrangers dans la province de Haut-Uélé constitue une menace grave pour l’environnement, l’économie locale, et la stabilité de la région. Dans un communiqué publié ce mercredi, l’organisation appelle le gouverneur de la province à intensifier les expulsions et à sévir contre les complicités internes.
Depuis plusieurs années, la province de Haut-Uélé est le théâtre d’une exploitation aurifère hors de tout cadre légal. Les sites de Watsa – notamment Beverendi et Moku – ainsi que ceux de Faradje – Abinva, Makoro et Logo Doka – sont particulièrement touchés, selon les informations collectées par la LICOCO.
L’ONG dénonce une activité menée sans respect des normes environnementales, avec l’utilisation massive de substances hautement toxiques comme le mercure et le cyanure. « Ces deux produits sont hyper polluants », avertissent les experts consultés par l’organisation. Ils contaminent les cours d’eau, affectent la faune aquatique, et rendent toute activité de pêche impossible dans les villages concernés. « Les populations ne peuvent plus pêcher », confie un pêcheur local joint par téléphone par la LICOCO.
Les chiffres communiqués par l’ONG sont préoccupants : pas moins de 80 machines excavatrices seraient en activité dans la zone. Ces engins lourds, introduits par des opérateurs chinois, creusent sans relâche, défigurant le paysage et rendant de nombreuses routes communautaires impraticables.
Face à cette situation, le gouverneur de la province de Haut-Uélé a dépêché une mission d’inspection sur les sites concernés. Cette intervention a conduit à l’expulsion de plus de 80 ressortissants chinois, selon les autorités provinciales. Mais ces actions, bien que saluées par la LICOCO, ne sont pas sans conséquences : elles heurtent des intérêts puissants.
« Ces expulsions énervent les intérêts de certaines personnes politiquement exposées qui profèrent des menaces et autres intimidations contre l’autorité provinciale », note le communiqué. Une situation qui met en lumière l’un des aspects les plus délicats du dossier : la collusion présumée entre certains agents de l’État et les exploitants illégaux.
Dans son appel, la LICOCO va plus loin. L’organisation exhorte le gouverneur à suspendre tout agent de l’État soupçonné de faciliter ou de fermer les yeux sur l’exploitation illégale orchestrée par ces étrangers. « Ce sont les recettes provinciales et nationales qui ne seront pas mobilisées », alerte l’ONG, pointant du doigt les pertes économiques engendrées par cette économie parallèle.
Elle invite également les organisations de la société civile locales à dénoncer toute activité illégale menée par des étrangers, et interpelle les autorités nationales : le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur est appelé à apporter son soutien total à l’opération d’expulsion en cours, en coordination avec le Ministre de la Défense Nationale. L’objectif est clair : empêcher que des militaires congolais ne protègent ces réseaux illégaux.

Derrière cette prise de position se dessine un combat plus large : celui de la souveraineté nationale sur ses ressources naturelles, et de la lutte contre l’impunité. L’affaire met en lumière les failles de la gouvernance minière en République Démocratique du Congo, où les exploitants illégaux trouvent souvent des complicités à tous les niveaux.
Alors que la communauté internationale appelle à une gestion responsable des ressources naturelles et à la protection des écosystèmes critiques, la situation dans le Haut-Uélé s’apparente à un test grandeur nature de la capacité des autorités congolaises à faire respecter la loi face à des intérêts étrangers, parfois bien installés. La LICOCO, par ce communiqué, pose les jalons d’un débat national qui dépasse la seule province de Haut-Uélé : comment mettre fin à l’exploitation illégale des ressources tout en garantissant la justice sociale, la transparence, et la protection de l’environnement ?
Par kilalopress