À Kakanda, au cœur du territoire de Lubudi, un soulèvement populaire sans précédent a secoué la cité minière ce vendredi. Portées par une colère sourde devenue collective, 27 communautés locales sont descendues dans la rue pour dénoncer un pillage minier orchestré par des réseaux étrangers mafieux, protégés par des militaires et couverts par le silence politique. Ce n’est plus une protestation : c’est un ultimatum adressé à l’État, au monde, et à la justice.
Ce vendredi, les collines rouges de Kakanda ont tremblé. Non pas sous les machines minières qui éventrent ses sols chaque jour, mais sous les pas, les cris et les chants des représentants de 27 communautés locales de Lubudi et Kambove, rassemblées pour dire “stop” à un système qui les broie.

Depuis trois ans, leurs terres sont occupées illégalement par des exploitants miniers étrangers — principalement chinois et libanais — opérant sans permis, sans contrôle, sans retour pour les communautés. Pire encore, ils bénéficient de la protection de militaires en uniforme, et selon les manifestants, de la complicité de figures proches du pouvoir.
Les slogans scandés lors de la marche n’avaient rien d’ambigu : “Pas de paix sans justice !”, “Notre terre, notre avenir !”, “Boss Mining ou le chaos !”.Les communautés dénoncent l’exploitation sauvage des sites de Dicele, Nkella, Kiwana, Kimbalassani, Kakanda Nord, Sud, Ouest, Kimedia, Mpampala et Mukondo. Selon leurs chiffres, des centaines de camions quittent ces zones chaque jour, chargés de minerais volés, sans traçabilité, sans normes environnementales, sans aucun bénéfice pour les habitants.

Pendant que les minerais partent à l’étranger, les villages sombrent :
- Chômage massif des jeunes,
- Écoles sans financement,
- Pollution de la rivière Kakanda,
- Routes impraticables,
- Présence d’enfants sur les sites miniers,
- Arrestations arbitraires et violences physiques.
“On nous vole notre sol, notre avenir, et on nous fait taire à coups de fusils”, a lancé un chef coutumier sous les applaudissements de la foule.Cette colère vise aussi l’État, accusé de laisser mourir l’un des seuls acteurs légaux du territoire : Boss Mining. Détentrice des permis 463, 467, 468, 469 et 2589, la société est empêchée d’exploiter ses propres concessions, bloquée par les mêmes réseaux mafieux.
Et pourtant, Boss Mining avait signé en août 2023 un cahier des charges avec ces mêmes 27 communautés, engageant des projets de développement social (électricité, santé, éducation, eau potable). “Avant, Boss Mining nous donnait l’eau, l’électricité, des emplois. Aujourd’hui, les voleurs armés prennent tout, et nous crèvent de faim”, dénonce une manifestante de Kikaka.
Les communautés ont remis un mémorandum officiel au représentant du roi Mwenda Bantu Mulongo, avec quatre exigences immédiates :
- Retrait total des militaires et des exploitants illégaux des sites miniers.
- Reprise rapide des activités de Boss Mining, dans le respect de la loi.
- Application sans délai du cahier de charges communautaire.
- Intervention directe du Président Félix Tshisekedi.

Ils préviennent : aucun développement ne se fera dans le chaos, et ils sont prêts à se mobiliser à nouveau si rien ne change. Ce soulèvement dépasse les frontières de Kakanda. Il symbolise une fracture nationale : entre l’État et ses citoyens, entre la loi et l’impunité, entre le développement durable et la prédation extractive.
Le silence du gouvernement devient insoutenable. Les institutions régionales, les ONG, les médias, la société civile — en RDC et à l’international — doivent saisir cette crise comme une opportunité de rupture. Kakanda ne crie pas seulement pour elle-même. Elle crie pour toutes les communautés sacrifiées au nom du profit rapide.
Par kilalopress