Kisangani, 4 octobre 2025 – Dans les territoires de Banalia et Bafwasende, au cœur de la province de la Tshopo, la pression minière atteint un seuil critique. Forêts dévastées, rivières contaminées et santé des populations compromises : tel est le constat dressé par l’Action pour la Promotion et la Protection des Peuples et Espèces Menacées (APEM), qui a remis le 3 octobre à la ministre provinciale de l’Environnement, Bijou Koy Taka, une note de plaidoyer élaborée avec les peuples autochtones pygmées et les communautés locales de Bemili et Popoy.
Les activités minières artisanales et semi-industrielles, menées souvent en dehors de tout cadre légal, entraînent une déforestation rapide. L’absence d’études d’impact environnemental et de programmes de réhabilitation accentue la perte des écosystèmes forestiers. Selon la note, des espèces végétales essentielles – arbres nourriciers, plantes médicinales, zones de chasse – disparaissent à un rythme inquiétant. Pour les peuples autochtones, dont les moyens de subsistance dépendent directement de la forêt, cette situation constitue une véritable menace existentielle.
Au-delà de la forêt, les rivières subissent elles aussi l’impact destructeur des dragues minières. L’Arwimi, jadis source d’eau potable, est désormais saturée de mercure et d’autres substances toxiques utilisées dans l’extraction de l’or. La raréfaction des poissons et l’explosion des maladies hydriques témoignent de cette contamination. « Nos enfants tombent malades, et nous ne pouvons plus boire ni pêcher », rapporte un habitant de Popoy.
L’exploitation minière laisse également derrière elle des cratères béants remplis d’eau stagnante, transformés en foyers de maladies et en pièges pour les habitants comme pour le bétail. L’APEM qualifie cette situation de « scandale écologique et humain » et exige la réhabilitation immédiate des sites dégradés.
La note rappelle enfin les dispositions de la loi congolaise n°22/030 du 15 juillet 2022 sur la protection des peuples autochtones et de la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Ces textes imposent le respect du consentement libre, informé et préalable (CLIP) des communautés locales avant toute activité minière. Or, des sociétés telles que COMIBAV, W Mining et Libela continuent d’opérer sans consultation ni compensation.
Face à ce tableau alarmant, les peuples autochtones et communautés locales exigent du gouvernement provincial de la Tshopo le respect strict des normes environnementales par les exploitants, la restauration des écosystèmes forestiers et aquatiques détruits, ainsi que la garantie de leurs droits fondamentaux. Pour ces communautés, l’enjeu dépasse la seule protection de la biodiversité : « Ce n’est pas seulement une forêt qui meurt, c’est tout un peuple qui disparaît avec elle », conclut le plaidoyer.
Par kilalopress