Bas-Uélé : l’ACEDH mobilise la société civile autour de l’initiative ERA pour la justice environnementale en Afrique

BUTA, RDC – 1er mai 2024. Un vent nouveau souffle sur la défense environnementale en Afrique. À Buta, chef-lieu du Haut-Uélé en République démocratique du Congo, l’ONG Alerte congolaise pour l’environnement et les droits de l’homme, (ACEDH) a réuni les acteurs de la société civile locale pour un Forum de consultation et d’information sur le processus ERA – Environmental Rights Africa. Cette initiative, portée à l’échelle continentale, vise à renforcer la protection juridique des défenseurs climatiques en Afrique et à garantir un accès accru à la justice environnementale.

Au cœur de cette rencontre : l’information, la mobilisation et l’appropriation locale d’un processus continental en pleine structuration. En ligne de mire, une ambition claire : faire reconnaître par la Cour africaine des droits de l’homme à Arusha les droits environnementaux comme des droits humains fondamentaux. L’avocat d’interet public et membre de la plateforme ELAW Olivier Ndoole, interrogé par Kilalopress, a précisé que cette rencontre visait à « permettre aux acteurs de la société civile environnementale […] d’accéder à l’information par rapport au processus ERA ». Lancée il y a plus de deux ans, l’initiative ERA vient de franchir une étape importante avec l’élaboration d’un plan stratégique quinquennal validé à Freetown, en Sierra Leone. Ce plan prévoit notamment le renforcement des capacités, le monitoring environnemental et la mise en place de mécanismes juridiques de protection des défenseurs et des ressources naturelles.

En parallèle, un lien fort est établi entre ERA et l’Africa Climate Platform (ACP), plateforme panafricaine qui milite pour un cadre juridique commun à tous les pays du continent. La requête introduite devant la Cour africaine vise ainsi à créer un outil juridico-institutionnel capable de garantir à la fois la protection des militants environnementaux et l’accès à l’information d’intérêt public

Le choix de la province du Haut-Uélé, au nord-est de la RDC, n’est pas anodin. Riche en biodiversité, avec deux grandes réserves naturelles – Bili-Uélé (60 000 km²) et Rubi-Télé (environ 14 000 km²) – la région est également sous pression : exploitation illégale des bois rouges, ruée vers l’or, élevage extensif mené par des éleveurs transfrontaliers mbororo, sans oublier l’impact des migrations climatiques depuis la République centrafricaine voisine.

Malgré son potentiel écologique majeur, cette province reste marginalisée dans les grandes stratégies de conservation. Pour Olivier Ndoole, il s’agissait donc de « faire de cette province oubliée un épilogue de la lutte climatique africaine », en mobilisant les leaders locaux, les autorités provinciales, mais aussi les communautés de base. Ce forum a également servi de cadre à l’appropriation communautaire des enjeux du climat et de la gouvernance environnementale. Les participants ont été invités à soumettre des propositions, à développer des projets locaux, et à devenir des « champions » du climat en RDC. Des partenariats sont en gestation avec les autorités locales, notamment pour renforcer la lutte contre la pollution des eaux, le braconnage, et les autres formes d’atteintes aux écosystèmes.

Ce travail de terrain vise à nourrir le plaidoyer africain en faveur de l’environnement. Le Haut-Uélé devient ainsi un terrain d’expérimentation, mais surtout un levier pour faire entendre, à l’échelle continentale, les voix des territoires oubliés.

Par Franck zongwe lukama

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