Dans une initiative environnementale déterminante, l’ASBL Survie de la planète grâce aux forêts et aux eaux du Congo-Kinshasa (SPAFECO) a lancé, le 28 janvier, un projet de reboisement de 50 hectares dans deux villages riverains du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), dans la province du Sud-Kivu. Ce projet vise à réduire la pression exercée sur cet espace naturel menacé et à améliorer les conditions de vie des communautés locales.
Le Parc National de Kahuzi-Biega, classé patrimoine mondial de l’UNESCO, est l’un des derniers refuges des gorilles de plaine de l’Est. Malheureusement, il subit une dégradation continue en raison de la coupe illégale d’arbres pour la construction, le bois de chauffe et la fabrication de planches. Pour contrer cette menace, l’ASBL SPAFECO a mis en place un programme ambitieux, baptisé “Lutte contre le changement climatique et la pauvreté”, destiné à restaurer les écosystèmes locaux tout en offrant des alternatives durables aux populations riveraines. Le projet, dont l’exécution se concentrera sur les villages de Bushwira-Centre et Cibingu, prévoit la plantation d’arbres agroforestiers et fruitiers sur une surface de 50 hectares. D’ici cinq ans, les responsables espèrent atteindre l’objectif de 800 000 arbres plantés. L’initiative se décline en plusieurs étapes, dont la création de pépinières et de germoirs, qui permettront aux villageois de cultiver les espèces végétales adaptées à leur environnement et à leurs besoins.
Christian Namuto, coordonnateur de SPAFECO, explique que cette démarche vise à offrir une alternative viable aux habitants des deux villages, qui sont souvent contraints de recourir à des pratiques nuisibles pour leur subsistance. “En fournissant des ressources alternatives telles que des arbres fruitiers et des cultures agroforestières, nous espérons réduire la pression sur le parc et contribuer à la préservation de ce patrimoine naturel”, indique-t-il. Au-delà de la question écologique, ce projet cherche également à répondre à des enjeux socio-économiques cruciaux. En effet, la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, dépend largement des produits fruitiers en provenance du Rwanda. Un commerce qui, selon certains observateurs, entretient des tensions diplomatiques avec le pays voisin, alors même que la région souffre déjà des effets des conflits armés. Le reboisement pourrait donc aussi contribuer à diminuer cette dépendance, tout en stimulant une économie locale basée sur des pratiques agricoles durables. Le soutien financier du Fonds Forestier National (FFN) renforce la crédibilité de cette initiative, qui bénéficie également de l’implication des autorités locales et des communautés. Selon Namuto, la réussite du projet repose sur l’engagement des populations locales, qu’il s’agit de sensibiliser et d’impliquer activement tout au long du processus.
Ce projet représente une avancée significative vers la création d’un modèle de foresterie communautaire, où les populations locales deviennent à la fois les bénéficiaires et les protecteurs de leurs ressources naturelles. L’objectif ultime est de concilier conservation de l’environnement, développement économique et bien-être des communautés riveraines, souvent vulnérables et dépendantes des ressources naturelles pour leur subsistance. Cerains analystes pensent qu’il reste à voir si cette initiative pourra effectivement changer les comportements des populations locales à long terme, et si elle pourra être reproduite dans d’autres régions confrontées à des enjeux similaires. Mais pour le moment, le projet de reboisement dans le Sud-Kivu semble être une lueur d’espoir pour la préservation du Parc National de Kahuzi-Biega et la protection de sa biodiversité unique.
Par kilalopress