Kisangani, 29 janvier 2025 – La Bralima se retrouve sous le feu des projecteurs judiciaires après une plainte déposée par les habitants du quartier Pumuzika, dans la ville de Kisangani, accusant l’entreprise de polluer la rivière Tshopo, source vitale d’eau pour les résidents de la zone. Cette plainte, déposée le 27 janvier 2025, intervient après plusieurs années de contestations, notamment concernant la pollution des eaux et de l’air, issues des activités industrielles de la Bralima.
C’est sur l’initiative du professeur Dieudonné Tharcisse Kanyama Mbayabu, premier avocat général près le Conseil d’Etat, que cette procédure judiciaire a été lancée. Le professeur Kanyama Mbayabu, en visite à Kisangani pour la présentation de son ouvrage La résolution des conflits écologiques : Bilan et perspectives, a été sollicité par la population du quartier Pumuzika, qui s’est plaint de la pollution récurrente de la rivière Tshopo, sur laquelle ils dépendent pour leurs activités quotidiennes, notamment la pêche, la cuisine, et l’hygiène domestique.
Au-delà de la pollution de l’eau, la Bralima est également accusée de causer une pollution de l’air, en raison des odeurs nauséabondes émanant de ses installations. Ces émanations, liées à des produits industriels non spécifiés, perturbent considérablement la qualité de vie des habitants, qui doivent parfois supporter ces nuisances pendant plusieurs jours d’affilée.
Les premières analyses menées par des enseignants de la Faculté des Sciences de l’Université de Kisangani ont révélé des signes inquiétants de toxicité dans les eaux usées provenant directement des installations de la Bralima et se déversant dans la rivière Tshopo. Ces résultats ont alimenté la colère de la population, qui estime que ses droits fondamentaux à un environnement sain sont violés. L’affaire, qui met en lumière les tensions entre développement industriel et protection de l’environnement, soulève de nombreuses questions quant à l’avenir de ce dossier judiciaire. Malgré les nombreuses tentatives de médiation locale, les autorités locales, y compris le chef de quartier de Pumuzika et le bourgmestre de la commune de la Tshopo, ainsi qu’un collectif d’avocats, n’ont pas réussi à trouver une issue favorable. La lenteur des réactions administratives et l’inefficacité apparente des démarches légales précédentes ont contribué à la frustration des populations locales. Un autre obstacle de taille pour la procédure judiciaire réside dans le manque de précédent juridique. Le professeur Kanyama Mbayabu souligne que, dans le contexte de la (RDC), les conflits environnementaux n’ont pas encore donné lieu à une jurisprudence suffisamment développée. Cela pourrait compliquer le travail des juges et des avocats impliqués dans ce dossier, bien que le contexte écologique et social de plus en plus préoccupant en fasse un enjeu crucial.
Cette plainte contre la Bralima n’est pas simplement un cas isolé. Elle met en lumière les enjeux de la protection de l’environnement dans une RDC en pleine expansion industrielle. Si la pollution environnementale continue d’être ignorée, les conséquences sur la santé publique et la biodiversité locale risquent d’être dramatiques, notamment dans des régions où les populations dépendent encore largement des ressources naturelles pour leur survie quotidienne.
Au niveau local cet affaire suscite un débat plus large sur les pratiques industrielles des grandes entreprises opérant dans des zones sensibles, où les mécanismes de contrôle écologique sont souvent défaillants. Le cas de Kisangani pourrait ouvrir la voie à une réflexion sur la nécessité d’une législation environnementale plus rigoureuse et à une meilleure responsabilisation des industries envers les communautés locales.
Pour l’heure, l’attente est palpable à Kisangani, où les habitants espèrent enfin obtenir justice après des années de souffrances liées à la pollution. La procédure judiciaire entamée par le procureur général près la cour d’appel de la Tshopo pourrait bien marquer un tournant dans la gestion des conflits environnementaux de la Tshopo.
Par kilalopress