Le 31 juillet, le monde a commémoré la Journée des Écogardes, instaurée par la Fédération Internationale des Rangers, pour rendre hommage aux gardes forestiers tombés en service et célébrer leur rôle crucial dans la préservation de la biodiversité. Cependant, cette journée a une résonance particulière pour le Parc National de l’Upemba (PNU), situé dans la province du Katanga en République Démocratique du Congo. En effet, alors que le monde rend hommage à ces héros, le PNU se trouve en pleine tourmente, avec ses écogardes confrontés à des menaces sécuritaires persistantes qui mettent en péril leur vie ainsi que celle des espèces qu’ils protègent.
Le Parc National de l’Upemba, couvrant une vaste superficie de 13.000 km², est l’un des joyaux écologiques de la RDC. Pourtant, malgré sa grandeur, il est gravement sous-doté en personnel de protection, avec seulement 240 écogardes, dont beaucoup sont proches de la retraite ou non actifs. Cette insuffisance de ressources humaines est d’autant plus préoccupante face aux dangers croissants auxquels sont confrontés les gardes.
Depuis deux ans, le PNU a été le théâtre de tragédies dues à des confrontations avec des braconniers. Trois écogardes ont perdu la vie à cause des attaques menées par le groupe Maï Maï Kata Katanga, une milice armée locale. Ces incidents soulignent une situation alarmante pour la sécurité des gardes et la protection des espèces du parc.
Les Maï Maï, des groupes armés qui sévissent dans la province du Katanga depuis plus d’une décennie, sont souvent associés aux perturbations dans le PNU. Ces milices, accusées de diverses violences et d’activités illégales, sont également impliquées dans le braconnage. La présence de ces groupes dans le parc non seulement compromet la sécurité des écogardes mais également la conservation de la faune et de la flore locales.
Innocent Mburanumwe, Chef de site adjoint du PNU, a récemment exprimé son inquiétude face à cette situation dans un communiqué du 29 juillet. Il a souligné le sacrifice des écogardes et la difficulté de leur mission dans un contexte de violence continue. Selon lui, les récentes pertes humaines parmi les gardes ont des répercussions graves sur leur moral et leur efficacité.
Les répercussions de cette insécurité vont bien au-delà des pertes humaines. La capacité du parc à remplir son rôle de sanctuaire écologique est gravement compromise. La biodiversité du PNU, riche et diversifiée, est menacée par le braconnage et la déforestation, exacerbés par l’instabilité régionale.
Pour les communautés locales, cette situation engendre une double peine : les bénéfices écotouristiques du parc, qui pourraient générer des revenus importants pour les habitants, sont perdus en raison de l’insécurité. De plus, la présence continue des milices dans la région aggrave les tensions et les conflits locaux.
Selon Monsiuer Olivier Ndoole, avocat spécialisé en justice climatique, apporte une perspective cruciale sur la situation. Selon lui, une confusion regrettable existe entre la défense des droits de l’homme et l’impunité dans le secteur de la conservation. Il souligne que la loi devrait interdire la chasse ou la construction dans les parcs, conformément au code sur l’eau et aux lois sur la biodiversité. Cependant, cette confusion engendre une cacophonie entre les droits de l’homme et l’impunité, mettant en danger les efforts de conservation.
Ndoole note que chaque acte illégal, comme l’exploitation des ressources naturelles ou le braconnage, a des conséquences directes sur la vie des populations locales ainsi que l’avenir climatique. Pour les dommages causés, les droits climatiques sont indissociables des droits humains. Les individus responsables de ces violations doivent être tenus pour compte non seulement en vertu des lois de conservation mais aussi des droits humains, qui doivent être respectés et non utilisés comme une couverture pour l’impunité.
La situation est un triste reflet des défis auxquels font face les gardes forestiers dans des contextes de conflit et de faiblesse institutionnelle.
Pour l’avocat Olivier ndoole , Alors que le monde célèbre la Journée des Écogardes, il est impératif de ne pas se contenter d’un hommage symbolique mais de s’engager activement à améliorer les conditions de travail et de sécurité pour ces protecteurs de la biodiversité. Les autorités et les acteurs internationaux doivent intensifier leurs efforts pour combattre les groupes armés et renforcer la capacité des parcs à assurer une protection efficace. En fin de compte, la pérennité des ressources naturelles et la survie de ses écosystèmes dépendent du courage et de la sécurité de ceux qui se battent en première ligne pour les sauvegarder. Le Parc National de l’Upemba est un appel urgent à l’action, non seulement pour la conservation, mais aussi pour la justice climatique et la sécurité de ses héros.
La Rédaction