Kinshasa, 15 septembre 2024 – La République Démocratique du Congo (RDC) se prépare à accueillir 320 têtes de bétail en provenance de Hongrie. Cette annonce, faite par le chargé d’affaires hongrois Levente Szabo, est censée marquer un tournant dans le secteur de l’élevage congolais, avec des bovins réputés pour leur résistance aux maladies. Cependant, derrière cette promesse de modernisation se cachent des questions épineuses et des préoccupations croissantes qui méritent une analyse plus approfondie.
L’arrivée imminente de ces 320 bovins hongrois en RDC a été présentée comme une avancée significative pour l’amélioration de l’élevage dans le pays. Selon le chargé d’affaires hongrois, ces animaux sont dotés d’une résistance exceptionnelle aux maladies, une qualité qui pourrait transformer la réalité de l’élevage bovin en RDC. Mais cette annonce, qui semble idéale sur le papier, est loin de faire l’unanimité parmi les observateurs et les acteurs locaux du secteur.
Levente Szabo, lors de son entretien avec le ministre de Pêche et d’Élevage, Jean-Pierre Tshimanga, a souligné les efforts du gouvernement congolais pour améliorer les conditions de vie des Congolais, conformément aux objectifs du président Félix Antoine Tshisekedi. Cette déclaration, bien que louable, pose plusieurs questions : pourquoi ce besoin urgent d’importer des bovins hongrois alors que la RDC dispose déjà d’une population locale de bétail ? Les conditions sanitaires et éthiques entourant ce transfert ont-elles été suffisamment examinées ?
Le processus d’importation a été renforcé par la promesse d’investissements dans la chaîne de production laitière par l’entreprise hongroise Hounande et son partenaire congolais Agriminda. La rencontre entre les parties concernées s’est concentrée sur la mise en place d’une infrastructure moderne pour l’élevage. Cependant, les experts locaux craignent que cette initiative n’accentue encore davantage la dépendance de la RDC vis-à-vis des produits et technologies étrangers, plutôt que de promouvoir le développement durable du secteur local.
La participation annoncée de Jean-Pierre Tshimanga au forum économique à Budapest du 14 au 20 octobre est perçue par certains comme une tentative de renforcer les liens économiques entre les deux nations. Mais elle soulève aussi des inquiétudes quant aux véritables objectifs de ces échanges. La question se pose : cet engagement est-il réellement bénéfique pour le secteur de l’élevage congolais ou s’agit-il d’une manœuvre diplomatique au service des intérêts hongrois ?
La promesse d’importer 320 bovins hongrois en RDC pourrait sembler être une bouffée d’air frais pour le secteur de l’élevage, mais elle est entourée de controverses et d’incertitudes. Alors que le gouvernement congolais et ses partenaires étrangers se félicitent de cette initiative, il est crucial d’examiner de près les implications à long terme de cette décision. L’amélioration du secteur de l’élevage ne devrait pas se résumer à une simple importation de bétail étranger, mais nécessiter une réflexion plus profonde sur le développement durable et la souveraineté alimentaire de la RDC. En attendant, les questions sur la transparence des accords et l’impact réel sur les producteurs locaux restent sans réponse, laissant entrevoir un avenir incertain pour l’élevage bovin congolais.
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