Goma, Au terme d’une mission de sept jours en RDC, une délégation de la FAO, dirigée par Beth Bechdol, Directrice générale adjointe, accompagnée d’Abebe Haile-Gabriel, Directeur général adjoint et représentant régional pour l’Afrique, et de Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience, a tiré la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation. La mission visait à sensibiliser la communauté internationale et à mobiliser des ressources pour contrer cette tendance alarmante.
Les responsables de la FAO ont insisté sur la nécessité urgente d’un accroissement des aides agricoles d’urgence, en parallèle à un renforcement des programmes humanitaires. Ils ont souligné l’importance de renforcer la résilience des populations vulnérables, notamment dans les zones où l’insécurité alimentaire est particulièrement sévère, comme les sites des déplacés internes (IDP), où la situation est critique.
D’après la dernière analyse de la Classification intégrée de la phase de la sécurité alimentaire (IPC), publiée en octobre 2024, environ 25,6 millions de Congolais, soit 22 % de la population analysée, souffrent d’insécurité alimentaire aiguë. Cette situation touche en particulier les populations des provinces de l’Est du pays, où les sites des déplacés internes sont classés comme étant en phase IPC 4 (urgence), une situation caractérisée par d’énormes lacunes alimentaires et des taux de malnutrition aigüe alarmants.
Les prévisions pour début 2025 sont préoccupantes, et les experts de la FAO mettent en garde contre une détérioration de la situation si des mesures de soutien humanitaire durables ne sont pas mises en place rapidement. Au cœur de cette crise, la FAO met en avant l’agriculture d’urgence comme un outil essentiel pour soutenir les populations vulnérables de manière digne et efficace. “L’agriculture d’urgence est une solution rentable et impactante pour venir en aide aux plus démunis”, a déclaré Rein Paulsen, soulignant l’importance de l’agriculture comme réponse immédiate aux besoins alimentaires tout en renforçant la résilience à long terme face aux crises futures.
Les programmes tels que le “cash+” combinant transferts monétaires inconditionnels avec des intrants agricoles comme le jardinage de subsistance et l’élevage, ont prouvé leur efficacité. Lors de sa visite sur le site des déplacés de Rusayo 2, près de Goma, la délégation de la FAO a pu observer les bienfaits concrets de ces initiatives, qui permettent aux déplacés d’accéder à des produits alimentaires nutritifs au sein même de leurs camps. Les efforts de la FAO en RDC s’appuient sur des partenariats solides avec le gouvernement congolais et les organisations locales. Le ministre congolais de l’Agriculture, Gregoire Mutshail Mutomb, a exprimé sa gratitude pour la collaboration avec la FAO, saluant les programmes de micro-jardinage, de distribution de semences et de kits agricoles qui apportent un soulagement précieux aux populations vulnérables.
Lors de sa mission, la délégation de la FAO a visité plusieurs projets soutenus par l’organisation, notamment des sites de production maraîchère gérés par des femmes âgées à Mugunga, ainsi que des projets de pisciculture et de multiplication de semences dans le Sud-Kivu. Ces initiatives montrent clairement que le soutien à la production alimentaire locale et l’accès rapide aux semences et autres intrants agricoles sont cruciaux pour préserver les moyens de subsistance des populations et éviter une crise alimentaire à plus grande échelle. Face à l’aggravation de la situation, la FAO lance un appel urgent de financement pour soutenir ses interventions d’urgence et ses projets de résilience. L’organisation sollicite 330 millions de dollars pour 2025, une somme légèrement supérieure à l’année précédente, afin de répondre à l’augmentation des besoins. “Ces fonds permettront à la FAO de venir en aide à plus de trois millions de personnes, en leur offrant une assistance multisectorielle qui renforcera la production alimentaire et favorisera la génération de revenus pour les plus vulnérables”, a précisé Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO.
La situation en RDC demeure complexe, mais grâce à un soutien international renforcé et à une approche durable centrée sur l’agriculture, il est possible de restaurer la sécurité alimentaire et de bâtir une résilience durable face aux crises futures. Les efforts conjoints des autorités congolaises, de la FAO et de leurs partenaires seront déterminants pour inverser la tendance et offrir un avenir plus stable aux populations congolaises.
Par kilalopress