Lubumbashi, 24 mai 2025 — Ce matin, un communiqué officiel du maire de Lubumbashi, Kafwimbi Mumamba Patrick, a semé l’inquiétude : deux lions issus de la ferme Benjin sont actuellement en divagation. Si les autorités appellent à la vigilance, cette nouvelle soulève des questions lourdes sur la sécurité des installations animalières en République Démocratique du Congo, et plus largement, sur la protection des espèces face à la recrudescence des menaces, notamment le braconnage.
Comment deux lions ont-ils pu s’échapper d’une ferme censée être sécurisée ? Que s’est-il passé à la ferme Benjin ? Des « enquêtes spécialisées » sont en cours, selon le communiqué, mais le flou reste total. Aucune précision n’a été donnée sur les circonstances de l’évasion, ni sur les éventuelles failles de sécurité. Il est impératif que les résultats de ces enquêtes soient rendus publics. Trop souvent, en RDC comme ailleurs, les incidents impliquant des animaux sauvages sont traités dans l’opacité, alors qu’ils révèlent souvent de graves manquements : cages vétustes, gardiennage insuffisant, ou, plus préoccupant encore, complicités internes avec des réseaux de braconnage.

Cette évasion intervient dans un contexte particulièrement tendu. Ces dernières années, les cas de braconnage se sont multipliés, touchant aussi bien les éléphants, les gorilles, que les lions — une espèce de plus en plus visée pour ses organes, ses os ou sa peau, destinés à alimenter des marchés illégaux souvent très bien organisés. Le risque ici n’est pas seulement pour la population de Lubumbashi — bien qu’il soit réel —, mais aussi pour les lions eux-mêmes. Deux prédateurs en liberté dans une zone urbaine risquent d’être abattus sans sommation si les forces de l’ordre les croisent avant les équipes spécialisées. Cela serait une tragédie, tant sur le plan éthique qu’écologique.
Selon certaines sources locales citées par KilaloPress, les lions appartiendraient à l’ancien général des FARDC, John Numbi. Depuis son départ, les animaux ne recevaient plus de nourriture. L’ICCN avait tenté de les prendre en charge, mais les autorités locales s’y étaient opposées. Pour l’instant, des sources proches du dossier indiquent qu’il faut collaborer avec le sanctuaire Ajack afin de développer un plan conjoint pour localiser et neutraliser les lions en divagation.
Face à cette situation, plusieurs questions se posent : qui contrôle les installations de détention d’animaux sauvages en RDC ? Quelles sont les normes appliquées, et sont-elles respectées ? La ferme Benjin est-elle régulièrement inspectée par les autorités ? Quels liens existent entre les évasions d’animaux et les réseaux de trafic de faune sauvage ? Le maire affirme vouloir « protéger la population » et « éviter tout incident ». C’est une déclaration nécessaire, mais elle doit être suivie d’actes concrets. Protéger les habitants, certes, mais aussi protéger les animaux. Car ces lions sont avant tout des victimes : victimes d’un système défaillant, peut-être même de complicités criminelles.
Les autorités doivent garantir non seulement la sécurité publique, mais aussi la conservation des espèces menacées, conformément aux engagements internationaux de la RDC. Ce type d’événement ne doit pas devenir une simple anecdote locale. Il s’agit d’un symptôme d’un malaise plus profond : la fragilité des structures de conservation dans le pays, l’augmentation des actes de braconnage, et le manque criant de transparence. Il est temps que le gouvernement prenne des mesures fortes : audit des fermes de faune, renforcement des unités anti-braconnage, et sanctions sévères contre tout manquement. La cavale de deux lions ne doit pas se solder par leur mort, mais par un électrochoc pour tout un système. Avant qu’il ne soit trop tard.
Par kilalopress