Brazzaville, 28 mai 2025 — La capitale congolaise s’érige en haut lieu du dialogue environnemental cette semaine. Du 26 au 30 mai, elle accueille le tout premier Congrès mondial des peuples autochtones et des communautés locales issus des trois grands bassins forestiers de la planète : l’Amazonie, Bornéo-Mékong et le bassin du Congo. Un événement inédit, placé sous le signe de l’urgence climatique, de la justice environnementale et de la reconnaissance des droits ancestraux.
La cérémonie d’ouverture, tenue le 27 mai, a lancé les travaux en mettant l’accent sur un message central : les peuples autochtones sont les véritables sentinelles des forêts mondiales, et pourtant, ils restent les grands oubliés des politiques de développement durable.
L’ambition affichée est claire : parvenir à une déclaration commune avant la COP30, prévue à Belém, au Brésil, en novembre 2025. Pour les organisateurs, il est crucial de faire entendre la voix de ces communautés dans les discussions internationales sur le climat.
Au fil des ateliers et des sessions, les délégués — venus de toutes les régions forestières majeures, y compris la Mésoamérique — planchent sur un plan d’action axé sur les droits fonciers, la préservation des cultures autochtones, le consentement libre et éclairé pour tout projet de développement, et l’accès équitable aux ressources financières.
Rosalie Matondo, ministre congolaise de l’Économie forestière, n’a pas mâché ses mots : « Moins de 1 % des financements climatiques atteignent les peuples autochtones. » Un chiffre révélateur du fossé entre les discours internationaux et les réalités de terrain. Elle a dénoncé l’exclusion persistante de ces communautés, malgré leur rôle essentiel dans la protection des écosystèmes.
Et pour cause : selon un rapport de l’UNESCO, bien qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale, les peuples autochtones assurent la sauvegarde de 80 % de la biodiversité mondiale. Leurs territoires abritent certaines des forêts tropicales les mieux préservées, preuve tangible de leur savoir ancestral.
Au cœur de cette rencontre historique, l’enjeu est donc aussi politique que symbolique. Il s’agit d’inscrire durablement ces communautés au centre des mécanismes de gouvernance environnementale et de développement durable.
À l’heure où le monde cherche désespérément des solutions viables face à la crise climatique, les voix autochtones, longtemps marginalisées, réclament désormais une place légitime à la table des négociations. Le congrès de Brazzaville pourrait bien marquer un tournant décisif dans cette quête de justice et de reconnaissance.
Par kilalopress