À Kipepa, dans le Lualaba, la terre ne nourrit plus — elle pleure. Ce sont des champs dévastés, des sillons réduits en poussière, des familles entières condamnées à la faim par la brutalité d’un État censé les protéger. Plus de 800 cultivateurs ont vu leurs champs de manioc, de légumes et de maïs broyés sous les roues des engins lourds envoyés par les autorités provinciales. Une opération menée sans scrupule, sans arrêté officiel, sans indemnisation. Juste la loi du plus fort.
Derrière cette « opération d’aménagement » se cache une tragédie humaine : des mères en larmes, des pères désorientés, des enfants sans repas. À Kipepa, dans la zone de Kampemba, le rêve d’autosuffisance alimentaire s’est effondré en quelques heures, emporté par la poussière et le fracas des bulldozers.
L’Initiative pour la Protection des Droits de l’Homme et la Réinsertion Sociale (IPDHOR) tire la sonnette d’alarme : « Les autorités ont ordonné la destruction immédiate des champs sans attendre la compensation, laissant des familles dans la confusion totale et sans moyens de subsistance. » Une décision arbitraire, qui foule aux pieds la Constitution et les lois sur l’expropriation pour cause d’utilité publique.
Mais à qui profite cette violence administrative ? La question dérange. Le silence des autorités, lui, est assourdissant. Aucune communication, aucun plan de relogement, aucune promesse tenue. Les paysans avaient été enregistrés, espérant une indemnisation. Aujourd’hui, ils ne récoltent que la poussière et l’humiliation.
À Lualaba, la terre vaut désormais plus que la vie de ceux qui la cultivent. Dans cette province minière stratégique, où le cuivre et le cobalt nourrissent les multinationales, les cultivateurs — eux — meurent de faim. Une ironie tragique dans un pays où la richesse du sol rime souvent avec la misère de ceux qui y vivent. L’IPDHOR en appelle au Président de la République : il est temps de mettre fin à cette spirale d’expropriations sauvages. L’organisation exige un dialogue urgent entre la Gouverneure du Lualaba et les communautés affectées, avant que la colère ne se transforme en révolte.

Car Kipepa n’est pas un cas isolé. À Mulomba , Mege et Kamikungwa, d’autres paysans ont déjà connu le même sort : chassés, dépouillés, oubliés. Le monde entier doit comprendre que ce qui se joue ici, c’est bien plus qu’une question de terres — c’est la dignité d’un peuple qu’on écrase. À force de sacrifier les champs au profit des chantiers, c’est la paix sociale que l’on piétine. Et quand la faim s’installe, aucune mine ne pourra acheter le silence de ceux qu’on affame.
Par kilalopress