Face à la gestion chaotique des déchets plastiques à Kinshasa, au cœur d’une ville étouffée par la pollution, une lueur d’espoir est née à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Dans les ateliers modestes de la Faculté Polytechnique, un groupe d’étudiants a accompli l’impensable : inventer une machine flottante capable de collecter automatiquement les bouteilles plastiques dans les rivières. Ce bijou technologique, baptisé Floatz Garbage, est une véritable prouesse scientifique “made in Congo”.
« Nous avons conçu un dispositif capable de ramasser l’équivalent d’un sac de 25 kilos de déchets plastiques par tournée, avec une batterie qui lui permet d’effectuer jusqu’à vingt cycles avant de se décharger », explique fièrement Déodat Muiya, étudiant en électromécanique, en dernière année à la Faculté Polytechnique. L’objectif de cette innovation est clair : lutter contre la pollution plastique dans les rivières de Kinshasa, où les bouteilles et sacs étouffent l’écosystème aquatique et provoquent des inondations meurtrières à chaque saison des pluies.
Chez nous, les plastiques s’accumulent dans les cours d’eau, bloquent les caniveaux et détruisent la vie aquatique. Pourtant, face à cette urgence écologique que l’État semble impuissant à résoudre, ces jeunes scientifiques ont choisi d’agir. Leur machine, télécommandée et entièrement fonctionnelle, flotte sur l’eau, capture les déchets plastiques et redonne vie aux rivières polluées.
« Nous n’avons pas besoin d’attendre des ingénieurs étrangers. Nous, Congolais, avons les compétences pour résoudre nos propres problèmes », insiste Déodat, le regard chargé de fierté. L’équipe, composée de quatre étudiants congolais et de quatre étudiants belges, a mis au point ce prototype avec le soutien de l’Académie belge de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES). Ensemble, ils ont prouvé que la jeunesse congolaise n’est pas seulement capable de rêver, mais aussi d’innover scientifiquement.
Fabriqué en grande partie avec des matériaux locaux, le Floatz Garbage a été testé avec succès sur le fleuve Congo en mai 2024. Malgré les faibles moyens, la machine a tenu tête aux courants et démontré sa fiabilité. C’est une victoire du savoir, de la créativité et du courage — une preuve éclatante que le génie congolais peut flotter, même au milieu des déchets.
Aujourd’hui, ces étudiants demandent à être entendus. Leur invention pourrait devenir un outil national dans la lutte contre la pollution plastique et l’assainissement des rivières, deux priorités annoncées par le président Félix Tshisekedi. Pourtant, aucun soutien officiel ne leur est encore accordé. « Nous avons juste besoin qu’on nous fasse confiance. Nous pouvons développer ces machines en série si le gouvernement nous appuie », plaide Déodat Muhiya.
Ce cri du cœur ne devrait pas rester sans écho. Car dans un pays où l’on célèbre trop souvent les ingénieurs venus d’ailleurs, les véritables innovateurs scientifiques de demain peinent encore à émerger. Le Congo ne manque pas de cerveaux, il manque de confiance en eux. Si rien n’est fait, d’autres nations s’empareront de cette invention écologique que nous aurions dû porter au sommet. Les experts en gestion de dechets plastique saluent cette réussite scientifique et appelle les autorités congolaises à soutenir ces jeunes inventeurs de l’Université de Kinshasa. Car pendant que nos rivières se noient dans le plastique, nos talents, eux, risquent de couler dans l’indifférence.
Par kilalopress