Kananga : ANSER Promet de la lumière, mais la ville reste dans l’ombre

Kananga attend toujours son électricité, mais on lui sert encore des études. Voilà le paradoxe du projet Mbombo, censé électrifier la capitale du Kasaï-Central et sa périphérie. Présenté comme un tournant historique par l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER), ce projet de 150 millions de dollars n’a livré jusqu’ici que des plans et des conférences de presse.

Lors de son dernier point médiatique, le directeur général d’ANSER, Cyprien Musimar, a vanté des « études techniques sans précédent » menées par des « cabinets sérieux ». Mais sur le terrain, aucune turbine ne tourne, aucune ampoule ne s’allume. La seule lumière que les habitants aperçoivent vient des projecteurs de communication.

Ce projet, vieux de l’époque coloniale, est devenu un symbole de la lenteur congolaise. Depuis février dernier, on parle de « travaux de base » pour installer un campement de travailleurs. Pourtant, la centrale hydroélectrique des chutes Mbombo/Katende reste un mirage, suspendu aux promesses de financements internationaux et à la contribution que l’État congolais n’arrive pas à mobiliser.

Car voilà le nœud du problème : les investisseurs privés, prêts à mettre jusqu’à 80% des fonds, exigent une mise de l’État estimée entre 20 et 30%. Mais Kinshasa peine à trouver ces 30 à 45 millions de dollars. Officiellement, la « trésorerie nationale » est engloutie dans l’effort de guerre. Traduction : les Congolais payent leur insécurité par l’obscurité.

En attendant, Kananga vit au rythme des groupes électrogènes, des bougies et des promesses. Les habitants voient défiler les sigles — Banque mondiale, BAD, Compact énergétique — mais aucun courant ne circule dans leurs câbles.

Et le discours d’ANSER sur « 65 projets en cours » dans le pays ressemble davantage à une stratégie de diversion. Même le chiffre officiel avoue la faiblesse : un taux d’exécution physique de 53% contre seulement 28% de paiement effectif. Autrement dit, des chantiers lancés sans argent sonnant et trébuchant. À Kananga, la question est simple et brutale : combien de générations devront encore vivre dans le noir, pendant que des millions circulent dans des “études techniques” ?

Certains analystes le répète : la RDC ne souffre pas d’un manque de projets, mais d’un trop-plein de promesses non tenues. Tant que la lumière restera un slogan, les habitants continueront à s’éclairer à la bougie, pendant que les institutions s’éclairent à coups de dollars.

Par kilalopress

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