Intégrité des données climatiques : un enjeu clé pour la justice environnementale et les droits des peuples indigènes

Oslo, juin 2025. Le Forum de Gouvernance Internet (IGF) 2025 réunit experts, activistes et décideurs autour d’un thème crucial : la fiabilité et la transparence des informations sur le climat. Derrière les discours politiques et les rapports officiels, c’est un combat plus discret mais essentiel qui s’engage — celui de l’intégrité des données climatiques. En République Démocratique du Congo (RDC), où les forêts du bassin du Congo jouent un rôle vital dans la régulation climatique mondiale, cette question revêt une urgence particulière.

Les politiques climatiques et les projets de financement carbone reposent sur des données techniques précises : inventaires forestiers, cartographies satellitaires, évaluations des crédits carbone. Pourtant, ces données sont souvent stockées dans des systèmes opaques, contrôlés par des acteurs extérieurs, tandis que les communautés locales, notamment les peuples indigènes, en restent exclues. Cette situation pose un risque majeur : la manipulation ou la perte de données sensibles peut entraîner des appropriations illégales de terres, une exploitation abusive des forêts, voire une surveillance accrue des défenseurs de l’environnement. En RDC, ce phénomène menace directement la souveraineté des communautés et la pérennité des écosystèmes.

Lors de l’IGF à Oslo, un leader indigène a alerté sur les conséquences dramatiques de la perte de contrôle sur les données territoriales : « Nos terres sont évaluées, marchandisées parfois sous nos pieds, sans notre consentement. Cela ouvre la voie à des accaparements, à la déforestation, et fragilise notre autonomie. » Cette déclaration d’un de participants illustre un point crucial : la souveraineté numérique — c’est-à-dire le droit des communautés à contrôler leurs propres données — est une condition sine qua non pour une justice climatique authentique. Elle implique des systèmes décentralisés, transparents et sécurisés, protégeant ces informations contre les manipulations et abus.

Parallèlement à la question de la gouvernance des données, le Forum met en garde contre les dangers de la désinformation climatique : campagnes de déni, « greenwashing » par des acteurs peu scrupuleux, harcèlement des scientifiques. Ces pratiques sapent la confiance du public et compliquent la mobilisation collective. Pour y faire face, l’IGF promeut des stratégies de communication basées sur des données vérifiées, une éducation solide et un dialogue inclusif. Ces approches permettent aux individus et communautés de mieux comprendre les enjeux, de résister aux informations erronées, et de participer pleinement à la transition énergétique.

Dans le contexte congolais, où le potentiel énergétique est immense mais sous-exploité, la gestion éthique des données climatiques peut devenir un levier puissant. En renforçant les capacités techniques des communautés, en mettant en place des cadres législatifs clairs et en assurant une transparence totale des projets, la RDC peut prévenir les accaparements de terres et protéger les forêts, garantir un partage équitable des bénéfices issus des crédits carbone et renforcer la résilience des populations face aux effets du changement climatique.

Le Forum de Gouvernance Internet 2025 nous rappelle que la lutte contre le changement climatique ne se joue pas uniquement sur le terrain des infrastructures ou des financements, mais aussi dans la manière dont l’information est produite, partagée et protégée. Pour la RDC, il est urgent d’adopter une gouvernance des données qui soit transparente, inclusive et sécurisée, respectueuse des droits des peuples indigènes et des exigences écologiques. Seule cette intégrité permettra de bâtir une transition énergétique juste, durable et véritablement bénéfique à tous.

La souveraineté numérique désigne le contrôle par les communautés indigènes de leurs propres données territoriales et environnementales, garantissant que ces informations ne soient ni exploitées, ni manipulées sans leur consentement. Ce concept est au cœur de la justice climatique et des droits humains.

Par Franck zongwe lukama

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