Dans la lutte contre les menaces écologiques, chaque voix compte. Mais certaines portent plus loin que d’autres. Celles des femmes journalistes, par exemple, qui à travers leur plume et leur engagement, contribuent à éveiller les consciences et à construire des ponts entre les communautés, les décideurs et les défenseurs de la nature.
C’est dans cet esprit que l’ONG APEM, en collaboration avec KilaloPress, a organisé une formations à l’intention des journalistes blogeurs et blogueuses. Objectif : les doter des outils nécessaires pour faire face aux multiples défis environnementaux qui affectent la République Démocratique du Congo, et au-delà. Dès le troisième jour de formation, une idée centrale émerge : la nécessité de travailler en synergie. Journalistes, activistes, citoyens et décideurs publics doivent unir leurs efforts pour faire avancer la cause environnementale.
Mapendo Linda, journaliste à Radio Maendeleo et participante à la session, en est convaincue : « À partir de nos productions journalistiques, nous pouvons impulser un plaidoyer collectif fort, afin que notre région – et notre pays – accède à un véritable droit climatique. » Pour elle, la presse féminine est une actrice stratégique dans cette lutte : « Nous, femmes journalistes, avons un rôle crucial. Face aux crimes environnementaux, rester passives serait irresponsable. Il est temps d’agir, car l’environnement est menacé à tous les niveaux – écologie, climat, biodiversité. »
Une autre problématique dénoncée lors de la formation est l’exploitation massive des femmes et des enfants comme main-d’œuvre bon marché dans des activités destructrices pour l’environnement. Les journalistes participantes ont plaidé pour des campagnes de sensibilisation ciblées, soulignant l’importance pour les femmes de se positionner en première ligne dans la lutte contre les crimes environnementaux. « Il faut que la femme prenne conscience et s’approprie cette lutte. Nous appelons APEM à promouvoir l’autonomisation économique des femmes rurales pour qu’elles retrouvent leur indépendance et deviennent actrices de changement », insiste encore Mapendo Linda.

Pour de nombreuses participantes, il est clair que la responsabilité de protéger la planète est collective. Une tâche qui commence souvent dans les foyers et dans les médias. « Nos parents ont connu un environnement sain. Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur l’avenir que nous laissons à nos enfants », déplore une participante. « Il est temps d’utiliser notre plume, nos blogs, nos canaux numériques pour éduquer, sensibiliser, dénoncer. »
Cette formationes organisés par Actions pour la promotion et protection des peuples et espèces menacés APEM et KilaloPress a permis à ces femmes et filles journalistes blogeuses de renforcer leur capacité à informer, former, et rediger pour accompagner un plaidoyer. Elles ont compris que la femme journaliste n’est pas qu’une observatrice : elle est une actrice, parfois même la seule voix des sans-voix.
Dans un contexte où les technologies de l’information évoluent rapidement, l’usage du numérique devient une arme précieuse dans le combat écologique. Katia Amina, blogueuse et formatrice, invite ses consœurs à utiliser leurs plateformes pour valoriser les acquis de la formation et inspirer d’autres femmes à rejeter les pratiques nuisibles à l’environnement. « Les femmes journalistes ont le pouvoir de faire la différence. Elles doivent se servir de leur voix pour dénoncer la destruction des écosystèmes et proposer des alternatives », affirme-t-elle.
La formation s’est achevée sur un engagement fort : celui de faire de la lutte contre la criminalité environnementale une priorité personnelle et collective. Magguy Bapolice, une autre participante, souligne l’importance du rôle du journaliste dans le plaidoyer environnemental : « Grâce à l’intervention de madame Vittoria Moretti de Rainforest UK, portant sur le plaidoyer dans notre travail en tant que blogeuers, j’ai compris comment notre travail journalistique peut devenir un véritable levier de changement. Je vais désormais mettre ma plume au service de l’environnement. »
Vittoria Moretti n’a pas manqué de rappeler lors de sa présentation l’importance du journaliste comme gardien de la transparence : « Le journaliste informe, réveille les consciences, documente les violations. Il donne une voix aux oubliés et agit comme un acteur de redevabilité face aux autorités. »
Dans une époque où la criminalité environnementale est en pleine expansion – quatrième source de revenus criminels mondiaux selon Interpol, après les drogues, la contrefaçon et la traite humaine – ce rôle devient d’autant plus vital.
Cette criminalité, rappelons-le, englobe des activités telles que le trafic d’espèces protégées, l’exploitation illégale des ressources naturelles, la pollution, ou encore l’extraction minière sauvage (Déclaration de Kyoto, 2021). Cette seance d’aujourd’hui a permis aux particiants de se rappeler une vérité essentielle : la protection de l’environnement n’est pas un luxe, mais une urgence. Et dans cette urgence, les femmes journalistes se lèvent, solidaires, pour défendre la planète avec force, intelligence et détermination.
Par Patrick Babwine