Sud-Kivu : Le Parc National de Kahuzi-Biega fume, le gorille de plaine pleure son habitat, et l’APEM alerte sur cette destruction imminente

Le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis les années 1970, est aujourd’hui confronté à une menace sans précédent. Dans son communiqué de presse publié le 6 novembre et dont une copie a été envoyée à Kilalopress, l’Association pour la Protection de l’Environnement et de la Nature (APEM RDC) met en lumière l’ampleur des activités destructrices qui, au fil des années, érodent lentement mais sûrement la biodiversité exceptionnelle de ce site classé. Une mobilisation immédiate est donc indispensable pour préserver ce trésor naturel de la République Démocratique du Congo (RDC) et du monde entier.

Le PNKB, situé dans la province du Sud-Kivu, est l’un des derniers refuges du gorille de plaine de l’Est (Gorilla beringei graueri), une espèce en danger critique d’extinction. Ce parc est aussi un lieu de grande biodiversité, abritant des forêts denses et variées, des montagnes majestueuses (les monts Kahuzi et Biega) et des chutes d’eau spectaculaires. Mais, depuis plusieurs années, l’équilibre écologique du parc est gravement menacé.

L’APEM RDC déplore que les dernières décennies aient vu une accélération des facteurs de dégradation, alimentés par une série d’activités humaines destructrices. Ces dernières années, la situation s’est détériorée à un rythme inquiétant, principalement en raison de l’exploitation illégale des ressources naturelles, du braconnage et de la déforestation. L’une des causes principales du déclin rapide du PNKB est l’occupation illégale de certaines parties du parc par des communautés locales, qui y exercent des activités agricoles et pastorales. Si ces pratiques ont des racines profondes, elles se sont intensifiées ces dernières années, aggravant l’impact environnemental. L’exploitation illégale des minerais et l’extraction de bois d’œuvre, notamment pour la production de charbon (makala), ont atteint des niveaux alarmants. Des centaines de sacs de charbon sont produits chaque jour dans les zones périphériques du parc et transportés vers les villes de Goma, Bukavu, et même à l’étranger, en direction du Rwanda. Ce trafic défigure non seulement le paysage du parc mais nuit aussi gravement à la biodiversité locale.

Le braconnage, alimenté par la demande de viande de brousse, ajoute encore un fardeau supplémentaire à l’écosystème déjà fragile du parc. Des espèces emblématiques, telles que les gorilles, sont de plus en plus vulnérables face à ce fléau. Les conséquences sont désastreuses : plus de 300 hectares de forêt ont été rasés, et la production continue de charbon fait fumer le parc au quotidien. Le gaz dégagé par les feux affecte la flore et la faune, contribuant à la disparition progressive de nombreuses espèces.

Face à cette situation critique, cette organisation appelle à une action urgente et concertée. Le communiqué insiste sur la nécessité d’une coopération renforcée entre toutes les parties prenantes, des communautés locales aux autorités nationales et internationales, pour stopper cette hémorragie écologique. L’APEM RDC propose plusieurs mesures immédiates afin de restaurer l’intégrité du parc et freiner l’exploitation illégale. Parmi celles-ci, on trouve l’interdiction immédiate de toutes les activités illégales d’exploitation forestière et minière dans le parc, le renforcement des contrôles sur les routes commerciales du charbon et des minerais, ainsi que la création d’une commission pour réguler l’exploitation de la braise dans le territoire de Kalehe.

Par ailleurs, elle recommande de renforcer l’approvisionnement en électricité dans les principales villes voisines du parc (Goma, Bukavu) afin de réduire la dépendance des populations locales au charbon, une solution à la fois simple et efficace pour limiter la déforestation.

La situation du Parc National de Kahuzi-Biega n’est plus une simple question locale ; elle est devenue un défi global. En plus de son rôle écologique primordial, le parc représente un atout touristique important pour la RDC et l’Afrique, attirant des chercheurs, des écotouristes et des amoureux de la nature du monde entier. Sa disparition serait une perte tragique, non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour le développement économique de la région. L’APEM RDC rappelle que, malgré l’importance des efforts des autorités, les actions entreprises jusqu’ici n’ont pas suffi à inverser la tendance. Le temps presse, et une action urgente est indispensable pour éviter que le parc ne sombre dans une destruction irréversible. Ainsi, elle appelle les partenaires locaux, nationaux et internationaux à soutenir sans réserve les actions de conservation et de régulation dans la région. Le moment est venu d’agir pour sauver le Parc National de Kahuzi-Biega. Il en va de la préservation d’un patrimoine naturel unique et de l’avenir des générations à venir.

Par Franck zongwe lukama

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