Dans les profondeurs verdoyantes du territoire de Mambasa, en Ituri, une créature emblématique lutte pour sa survie. L’okapi, ce “fantôme de la forêt” mi-zèbre mi-girafe, unique au monde et exclusivement congolais, fait face à une menace d’extinction imminente. Le 18 octobre, journée mondiale de l’Okapi, la Réserve de Faune à Okapi (RFO) a lancé un appel urgent à la protection de cette espèce fascinante.
Justin Apekapo, leader communautaire de Mambasa, souligne l’importance cruciale de l’okapi : “Cet animal n’est pas seulement un trésor écologique, c’est aussi un atout économique inestimable pour notre région. Le tourisme lié à l’okapi pourrait être un véritable moteur de développement pour Mambasa.”
Cependant, l’enthousiasme d’Apekapo est teinté d’inquiétude. “Nous assistons, impuissants, à la disparition progressive de cet animal unique. Il est temps que chacun d’entre nous se mobilise pour sa protection,” déclare-t-il avec passion. Il insiste particulièrement sur l’importance d’impliquer les peuples autochtones dans les efforts de conservation, reconnaissant leur rôle vital dans la préservation de l’habitat naturel de l’okapi.
La célébration de la journée mondiale de l’Okapi s’est étendue bien au-delà de Mambasa, touchant Badisende, Badengaïdo, Nduye en Ituri, ainsi que Tchabo et diverses localités des territoires de Wamba et Watsa dans le Haut-Uele. Cette mobilisation massive témoigne de l’importance accordée à la sauvegarde de ce symbole national.
Mais l’ombre du passé plane toujours sur ces efforts de conservation. Le 24 juin 2012 reste gravé dans les mémoires comme un jour noir pour la protection de l’okapi. Ce jour-là, 14 okapis en captivité dans les zoos de la RFO ont été sauvagement abattus lors d’une attaque menée par le groupe Mai-Mai Simba, dirigé par le tristement célèbre Paul Sadala, alias Morgan.
Depuis cette tragédie, la RFO peine à reprendre ses activités de capture et d’élevage, entravée par une insécurité grandissante. Les milices Mai-Mai locales et les rebelles ADF continuent de semer le chaos dans la région, mettant en péril non seulement la vie des okapis, mais aussi celle des courageux gardiens de la réserve.
Face à ces défis colossaux, la protection de l’okapi devient plus qu’une simple question de conservation. C’est un symbole de résilience, un test pour la détermination du Congo à préserver son patrimoine naturel unique. Chaque okapi sauvé est une victoire contre l’adversité, un pas de plus vers un avenir où l’homme et la nature coexistent en harmonie dans les forêts luxuriantes de Mambasa.
Par Alex Diya
