Depuis sa nomination en août 2023 à la tête de l’Agence Congolaise de l’Environnement (ACE), Delphin Lama semble avoir du mal à composer avec l’autorité de sa tutelle, la ministre d’État, Eve Bazaïba. Loin de la dynamique de collaboration attendue, le DG de l’ACE a régulièrement contourné cette dernière, privilégiant des relations avec la Maison civile du président Félix Tshisekedi, qui auraient facilité ses déplacements à l’étranger sans l’aval de sa tutelle.
L’affaire semble aujourd’hui atteindre un tournant. Après un passage discret au sommet mondial sur le climat (COP 29) à Bakou, en Azerbaïdjan, où il n’a pas réussi à se rapprocher du président Tshisekedi, Delphin Lama se trouve désormais sous pression. Ce dernier, qui avait espéré des appuis de l’exécutif, n’a pas pu obtenir la reconnaissance espérée, notamment en raison de la gestion chaotique de l’ACE, une structure publique qui, malgré ses ressources, peine à se maintenir à flot à cause d’un management défaillant. Le mécontentement au sein de l’agence est tel que l’Intersyndicale de l’ACE a saisi officiellement plusieurs instances de l’État, y compris le président de la République et la Première ministre, demandant une intervention urgente pour redresser la situation.
Dans cette atmosphère tendue, Delphin Lama semble vouloir éviter un affrontement direct avec Eve Bazaïba, qu’il a souvent ignorée dans le passé. En quête d’une sortie officielle pour des vacances qu’il aurait promises à sa famille, le DG aurait sollicité l’autorisation de sa ministre, une démarche qui pourrait sembler anodine mais qui, dans le contexte actuel, prend une tournure symbolique. Le DG de l’ACE, dont le statut dépend largement des relations avec la présidence, chercherait à obtenir la signature de Bazaïba pour obtenir son congé et, par la même occasion, bénéficier de l’indemnité qui accompagne les congés des administrateurs d’État.
Mais cette requête pourrait ne pas être aussi simple à obtenir, au regard des relations déjà exécrables entre les deux figures. Si Delphin Lama, surnommé affectueusement « tonton Lama » par certains, pourrait espérer une faveur de la ministre, le contexte politique laisse planer le doute. En effet, les rumeurs font état de possibles liens entre Eve Bazaïba et l’UDPS, le parti du président Tshisekedi, dont Lama est également issu. Cela pourrait compliquer davantage les négociations et transformer une simple demande en un test de pouvoir entre la ministre et son directeur général.
Parallèlement, la situation à l’ACE demeure préoccupante. Depuis le début du mois de décembre, le personnel est en grève, réclamant le paiement de cinq mois d’arriérés de salaire. Les travailleurs de l’agence, épuisés par des mois de promesses non tenues, observent avec une attention particulière la guerre de pouvoir qui se joue entre la ministre et son directeur général. Pour eux, il est question de savoir si les tensions politiques auront un impact sur le rétablissement des conditions de travail, ou si la gestion de l’agence continuera de sombrer dans la négligence.
Par kilalopress