Entre 2001 et 2023, la région minière du Katanga en République Démocratique du Congo (RDC) a connu une perte alarmante de forêts, en grande partie en raison des activités minières. Un rapport publié récemment par l’ONG Afrewatch révèle que l’exploitation minière est responsable d’environ 7 % de la déforestation dans cette zone, impactant non seulement l’écosystème local, mais aussi les conditions climatiques et la vie des populations riveraines.
Selon l’étude, cinq grandes entreprises minières opérant dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba sont particulièrement responsables de cette situation. Parmi elles figurent Commus, Mutanda Mining et Metalkol dans le Lualaba, ainsi que Ruashi Mining et la Société d’exploitation de Kipoi (SEK) dans le Haut-Katanga. Ensemble, ces entreprises couvrent un total de 32 196 hectares, soit une superficie équivalente à 46 terrains de football, dédiée à l’exploitation minière, entraînant ainsi une déforestation massive.
Au total, la province du Haut-Katanga a perdu près de 7 120 km² de forêt entre 2001 et 2023, un phénomène attribué à diverses causes, dont l’agriculture et la coupe du bois. Toutefois, l’exploitation minière à elle seule aurait été responsable de la perte de 498,4 km², soit environ 7 % du total des terres déboisées. De même, la province voisine du Lualaba a perdu 5 550 km² de forêts durant cette même période, avec 388,5 km² directement affectés par les activités minières, représentant là aussi 7 % du déboisement global. Les conséquences environnementales de cette déforestation sont multiples. Selon André Ntumba, responsable de l’ONG Afrewatch, la déforestation minière perturbe les écosystèmes locaux, réduisant leur capacité à réguler les gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO₂). Cela contribue à des fluctuations importantes des précipitations et à une élévation de la température, entraînant une saison des pluies de plus en plus courte et une augmentation des périodes de sécheresse.
Les répercussions de cette déforestation se font également sentir au niveau des communautés locales. Dans la région minière du Katanga, de nombreuses familles vivent dans des zones où les terres sont désormais détenues par des entreprises minières. Cette situation engendre des tensions et des risques d’expulsions, car les espaces utilisés par ces communautés sont souvent couverts par des permis miniers. Selon l’ONG Afrewatch, la déforestation réduit également la disponibilité des terres agricoles, privant les populations de leurs moyens de subsistance. Les agriculteurs, qui pratiquent traditionnellement l’agriculture itinérante, se retrouvent dans l’incapacité de poursuivre leurs activités en raison de l’occupation minière des terres. André Ntumba souligne que « dans la ceinture du cuivre, tous les espaces sont des carrés miniers ». Ce phénomène engendre une perte de terres agricoles cultivables, d’autant que les sols, souvent pauvres en nutriments, ne permettent pas une agriculture durable.
Face à ces défis environnementaux et sociaux, l’ONG Afrewatch appelle l’État congolais à prendre des mesures concrètes, telles que l’instauration d’une taxe carbone dans le secteur extractif. Cette taxe pourrait financer des initiatives d’adaptation au changement climatique, particulièrement dans les zones les plus affectées par la déforestation liée à l’exploitation minière. Par ailleurs, Afrewatch recommande aux entreprises minières de s’engager activement dans le financement de projets visant à atténuer les effets du changement climatique et à soutenir les communautés locales touchées par leurs activités. Il est impératif que les autorités congolaises et les entreprises du secteur minier collaborent pour trouver un équilibre entre les besoins économiques liés à l’exploitation des ressources naturelles et la préservation de l’environnement, afin de garantir un avenir durable pour les populations du Katanga.
Par kilalopress