Lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa ce 13 novembre, le Réseau National des Observateurs Indépendants des Ressources Naturelles en République Démocratique du Congo (RENOI) a lancé un appel solennel et sans équivoque : la gestion durable des forêts congolaises est désormais une urgence absolue. Alors que la COP29 se déroule actuellement à Bakou, la RDC, véritable poumon vert de la planète, se trouve à un carrefour décisif. La survie de ses forêts, essentielles à la régulation climatique mondiale, dépend désormais d’une action immédiate et coordonnée.
Les forêts congolaises ne sont pas qu’un espace naturel : elles sont le cœur battant de la biodiversité, un réservoir de carbone indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, elles sont aujourd’hui confrontées à des menaces de plus en plus graves : l’exploitation illégale du bois, la déforestation, et l’exploitation pétrolière dans des zones sensibles.
Le RENOI, fort de plusieurs enquêtes de terrain menées en collaboration avec des ONG locales et internationales, dénonce ces pratiques destructrices et appelle à une prise de conscience collective. La campagne “Jusqu’à la dernière grume”, dirigée par l’Environnemental Investigation Agency (EIA), a révélé l’ampleur de l’exploitation illégale, tandis que la campagne “Notre Terre Sans Pétrole” met en lumière les dangers de l’exploitation pétrolière dans les 27 blocs pétroliers du pays.
En tant que deuxième plus grand massif forestier tropical du monde, la RDC abrite une biodiversité unique, et ses forêts jouent un rôle clé dans la séquestration du carbone. Si ces forêts venaient à disparaître, ce serait une perte irréparable pour le climat mondial.
Lors de cette conférence de presse, le RENOI a dévoilé un plan d’action clair et immédiat pour préserver ces écosystèmes vitaux. Le réseau exhorte le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux à prendre des mesures concrètes et audacieuses :il propose un plan d’action clair et ambitieux pour renverser la tendance. Le réseau appelle donc le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux à :
- Éliminer les causes de la dégradation forestière : Il est impératif d’améliorer les conditions de vie des communautés locales et des peuples autochtones, tout en leur offrant des alternatives durables pour éviter la pression sur les forêts.
- Renforcer la législation et lutter contre l’impunité : Le RENOI appelle à une application stricte des lois régissant l’exploitation durable du bois. En particulier, il exhorte le gouvernement à respecter les engagements pris par la RDC au sein de la CEMAC, notamment l’interdiction d’exporter des grumes à partir de 2028.
- Assurer la transparence des titres forestiers : Une base de données des titres forestiers claire et transparente est essentielle pour éradiquer les concessions illégales et garantir une gestion plus responsable des ressources naturelles.
- Réglementer le marché du carbone : La RDC doit mettre en place un cadre de régulation efficace du marché du carbone, avec une répartition équitable des bénéfices pour les communautés locales, qui jouent un rôle clé dans la préservation des forêts.
- Maximiser l’impact des projets REDD+ : Les projets REDD+, destinés à lutter contre la déforestation, doivent être davantage financés et mieux ciblés, avec des fonds directement alloués aux initiatives locales qui agissent concrètement sur le terrain.
- Protéger les habitats contre l’exploitation pétrolière : Le RENOI appelle à une interdiction immédiate de l’exploitation pétrolière dans les zones écologiquement sensibles, notamment les tourbières et les forêts tropicales, et à la mise en place d’une véritable transition énergétique.
La RDC ne peut plus se permettre d’attendre. Le temps presse. La destruction de ses forêts est une menace directe pour l’ensemble de la planète. Chaque arbre abattu, chaque hectare de forêt dégradé accélère les effets du changement climatique, met en péril des milliers d’espèces et prive des générations futures d’un patrimoine irremplaçable. Mais il n’est pas trop tard. La COP29 est l’occasion pour la RDC de prendre une position de leader dans la lutte contre la déforestation et la crise climatique. Le RENOI appelle aussi à une mobilisation sans précédent pour que la RDC devienne un modèle de gestion durable des ressources naturelles. Les forêts congolaises peuvent encore être sauvées, mais cela exige une action immédiate, une volonté politique forte et un engagement concret de tous les acteurs : gouvernement, société civile, et partenaires internationaux.
Par kilalopress