Dans une révélation choquante qui secoue la capitale de la République Démocratique du Congo, le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) a mis au jour un présumé détournement de fonds d’une ampleur stupéfiante. Selon un rapport publié le 8 novembre, pas moins de 3 millions de dollars américains, destinés à transformer le paysage urbain de Kinshasa, se seraient évaporés dans les méandres de la corruption.
Les projets “Kinshasa zéro trou” et “Tshilejelu”, lancés en grande pompe en 2021, devaient marquer le début d’une nouvelle ère pour la mégapole congolaise. Leur mission ? Éradiquer les embouteillages chroniques et offrir aux Kinois des infrastructures dignes du 21ème siècle. Pourtant, deux ans plus tard, le constat est amer : les millions se sont volatilisés, laissant derrière eux des routes qualifiées cyniquement “d’usage unique” par les enquêteurs.
Valery Madianga, coordinateur du CREFDL, n’y va pas par quatre chemins : “La quotité qui va vers les infrastructures est trop faible.” En clair, l’argent censé construire des routes solides a été englouti par des “frais administratifs” aussi mystérieux qu’exorbitants. Plus alarmant encore, les rares travaux effectués l’ont été sans étude préalable, ignorant superbement les recommandations d’experts japonais pourtant mandatés pour élaborer un plan directeur cohérent.
“Si ce plan n’est pas mis en œuvre, nous n’aurons jamais de routes de qualité dans la ville de Kinshasa,” avertit Madianga. Une prédiction glaçante pour les millions d’habitants qui, chaque jour, bataillent dans des embouteillages monstres sur des voies défoncées. Le rapport pointe également du doigt des collecteurs d’eau inadaptés aux conditions climatiques locales, présageant de futures inondations catastrophiques.
Face à ces accusations graves, le mutisme des responsables politiques est assourdissant. Malgré nos tentatives répétées, le ministre des Travaux publics reste aux abonnés absents, laissant planer le doute sur l’implication potentielle de hauts fonctionnaires dans ce scandale. Alors que le projet Tshilejelu devait réhabiliter plus de 140 kilomètres de voiries urbaines à Kinshasa et dans le Grand Kasaï, force est de constater que la réalité est bien loin des promesses. Les Kinois, eux, continuent de subir quotidiennement les conséquences de cette gabegie présumée.
L’heure est venue pour nos autorités de sortir de leur silence assourdissant et de répondre à la question que tout le monde se pose : où sont passés ces 3 millions de dollars ? Sont-ils partis en vacances, en route vers une destination inconnue, ou ont-ils été engloutis dans un gouffre aussi profond que les nids-de-poule de nos routes ? Et qui sont les responsables de ce fiasco ? Faut-il leur envoyer une carte postale depuis Kinshasa pour leur rappeler qu’ici, la capitale a besoin de plus que de simples promesses ? Enfin, à quand des routes dignes de ce nom ? Parce qu’à ce rythme, on pourrait presque les qualifier de sentiers de randonnée… pour amateurs de sensations fortes. En attendant les réponses, une chose est sûre : la confiance des citoyens se dissipe aussi rapidement que l’asphalte des voies urbaines.
Par Kilalopress