Tshopo : 32 perroquets sauvés dans une riposte exemplaire contre le trafic illégal de faune

C’est une petite victoire au cœur de la forêt équatoriale, mais une victoire qui résonne loin. Mercredi 02 juillet 2025, 32 perroquets saisis dans le territoire d’Ubundu ont été remis aux soins de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Ces volatiles au plumage éclatant – gris d’Afrique et verts à couronne jaune – ont échappé de justesse à un trafic illégal qui continue de ronger la biodiversité congolaise à petit feu.

Tout a commencé par une alerte lancée depuis la province voisine du Maniema, le 22 juin. Une équipe de surveillance environnementale, dirigée par Djey Amisi, superviseur territorial dans le territoire d’Ubundu, est alors intervenue sur l’île de Litondo, dans le secteur isolé de Walengola Lowa. L’intervention rapide a permis la saisie de 35 perroquets sur place. Malheureusement, trois d’entre eux n’ont pas survécu à la cruauté du transport clandestin, victimes d’un confinement brutal dans des cages étroites sans accès à la nourriture ni à l’eau.

Ces actes de braconnage, bien que désormais punis par un arrêté du gouverneur interdisant la capture et la commercialisation de ces espèces protégées, demeurent fréquents dans les zones rurales reculées. La cause ? Un mélange explosif d’ignorance des lois et de tentations économiques face à un marché noir toujours avide d’exotisme. Pour Djey Amisi, l’enjeu est clair : « Il faut des actions de vulgarisation pour que les communautés comprennent l’interdiction de capturer et de vendre ces perroquets. La loi existe, mais elle ne peut rien sans l’adhésion des populations locales. » Ces oiseaux, souvent considérés comme des trophées ou vendus pour leur capacité à imiter la parole humaine, sont pourtant en danger. Le perroquet gris du Gabon, par exemple, figure sur la liste rouge de l’UICN, classé “en danger” en raison du déclin massif de ses populations à travers l’Afrique centrale. Leur taux de reproduction faible, combiné à la perte de leur habitat et à la pression constante du commerce illégal, en fait une espèce particulièrement vulnérable.

Gentil Kisangani, directeur provincial de l’ICCN, ne cache pas son inquiétude face à l’ampleur du phénomène. « Avec ces 32 perroquets, nous atteignons plus de 80 spécimens saisis en moins de trois mois. Cela montre que le braconnage est réel et massif dans la province. L’arrêté du gouverneur était donc plus que nécessaire. » Une déclaration qui fait écho à une réalité brutale : derrière chaque saisie se cache un réseau de trafiquants mieux organisé qu’on ne le pense, souvent connecté aux marchés internationaux de faune sauvage.

Mais au-delà du constat d’urgence, cette opération illustre aussi un tournant. Car la saisie d’Ubundu n’est pas un cas isolé : elle s’inscrit dans une stratégie de réponse rapide, une coopération interprovinciale inédite et une prise de conscience croissante des autorités locales. Pour une fois, la chaîne de réaction a fonctionné, et ces 32 perroquets vont pouvoir retrouver leur liberté. Ils sont actuellement hébergés au centre de conservation des perroquets du zoo de Kisangani, un espace de réhabilitation où ils sont nourris, soignés et réhabitués à la vie en semi-liberté avant d’être relâchés.

Derrière cette chaîne humaine – des agents de terrain aux vétérinaires – se dessine une forme d’engagement environnemental local qui mérite d’être salué. Dans un pays où les ressources pour la conservation restent maigres, cette opération est une preuve éclatante qu’avec de la coordination, de la vigilance et de la volonté politique, il est possible de faire reculer les trafics et de protéger ce qui fait la richesse naturelle de la République démocratique du Congo. Et si cette saisie n’est qu’une goutte dans l’océan de la lutte contre le trafic d’espèces sauvages, elle nous rappelle une vérité essentielle : chaque animal sauvé est une victoire sur l’invisible, sur l’indifférence, et parfois même sur l’ignorance.

Par kilalopress

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