Tanganyika : la bataille contre la pêche illégale s’intensifie à Moba

Dans la province du Tanganyika, quarante-trois filets de pêche prohibés ont été détruits cette semaine par les autorités locales. Une image forte, presque cérémonielle, qui traduit la volonté affichée de restaurer l’équilibre écologique du lac Tanganyika, l’un des plus anciens et des plus poissonneux au monde.

Les messages parvenus à la rédaction de Kilalopress sont sans équivoque : derrière le geste symbolique de Moba se joue une bataille bien plus cruciale — celle de la survie du lac Tanganyika, aujourd’hui étouffé par la surexploitation et l’absence d’une gouvernance durable. La destruction de ces engins de pêche illégaux – souvent constitués de mailles trop fines capturant même les plus jeunes poissons – marque une étape importante dans la lutte contre la pêche artisanale anarchique. Ces pratiques, tolérées par le passé, ont contribué à appauvrir la biodiversité aquatique et à compromettre les moyens de subsistance de milliers de familles riveraines.

Toutefois, si l’acte envoie un message clair, il ne suffit pas à inverser la tendance. Les autorités locales devront aller au-delà de la simple répression pour instaurer une gestion participative de la ressource halieutique. Car, sur les rives du Tanganyika, les pêcheurs vivent au jour le jour, pris entre la nécessité de nourrir leurs familles et la rareté croissante du poisson.

Le véritable défi réside dans la mise en place d’un cadre de gouvernance capable d’impliquer les communautés locales dans la protection du lac. Former, sensibiliser et offrir des alternatives économiques aux pêcheurs apparaît aujourd’hui comme la seule voie viable. Sans cela, les actions ponctuelles comme la destruction de filets risquent de n’être que des parenthèses symboliques dans une crise écologique persistante. De plus, la lutte contre la pêche illégale ne peut être isolée des questions régionales. Le lac Tanganyika, partagé entre la RDC, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie, exige une coordination transfrontalière renforcée. Les poissons ne connaissent pas de frontières, et les pratiques destructrices non plus.

La dégradation des ressources halieutiques du Tanganyika menace bien plus qu’un simple équilibre écologique : elle met en péril la sécurité alimentaire et économique de milliers de ménages. Chaque filet brûlé doit donc être vu non comme une perte, mais comme un engagement vers une pêche plus juste, plus responsable et plus durable. À Moba, la flamme qui a consumé ces filets prohibés ne devrait pas s’éteindre. Elle doit rallumer celle d’une prise de conscience collective : préserver le lac, c’est protéger des vies.

Par kilalopress

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