Alors que la RDC prépare sa participation à la COP30, une autre voix s’élève, plus enracinée, plus exigeante : celle des communautés d’Ituri. Dans cette province du nord-est, habitants, experts et acteurs de la société civile unissent leurs forces pour exiger une diplomatie climatique qui ne trahisse plus les réalités locales.
Sous les arbres épais du bassin du Congo, la résistance prend racine. À travers une série d’activités menées en Ituri, les défenseurs du climat appellent à renforcer les engagements nationaux pour limiter le réchauffement à 1,5°C. L’enjeu n’est plus seulement scientifique — il est vital, existentiel. Cette mobilisation vise à donner du pouvoir à ceux qu’on écoute trop rarement : les communautés rurales, premières témoins de la dégradation de leur environnement. Sécheresses imprévisibles, forêts ravagées, pollutions minières… ici, le changement climatique n’est pas un débat, c’est une réalité quotidienne.
« Nous refusons que les décisions prises à Dubaï ou à Belém soient déconnectées de notre vie quotidienne », confie une jeune activiste de Bunia. « Nous vivons dans la forêt, nous dépendons d’elle. Alors, si la RDC veut parler climat, qu’elle commence par nous écouter. »
Le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, est au cœur de toutes les convoitises. Derrière les promesses de développement se cachent souvent des projets d’exploitation pétrolière ou minière qui menacent directement cet écosystème vital. Les participants à la rencontre d’Ituri appellent à une moratoire sur les blocs pétroliers et à des investissements réels dans les énergies renouvelables et les solutions communautaires. Car dit-on : comment parler de transition énergétique alors que le pays continue de miser sur le pétrole ? Comment défendre le climat tout en sacrifiant les forêts ?
La rencontre prévue avec les experts gouvernementaux en Ituri marque une étape importante : porter la voix des communautés auprès des autorités nationales avant la COP30.
L’objectif : que la délégation congolaise ne se contente pas de belles déclarations, mais qu’elle négocie au nom des réalités congolaises, pas des intérêts extérieurs.
« Nous voulons une diplomatie du peuple, pas une diplomatie des élites », affirme un représentant communautaire. Ce message résonne fort dans un pays qui se veut “solution climatique mondiale”, mais qui peine encore à définir une ligne claire entre développement et préservation.
De l’Ituri au Katanga, du Kasaï aux rives du Congo, le mot d’ordre est désormais le même : mobiliser la base, reconstruire la confiance, et réinventer le discours climatique de la RDC.
L’avenir du climat ne se négociera pas seulement dans les grandes salles de conférence, mais aussi dans les villages, les forêts et les rivières où l’on vit déjà les conséquences de l’inaction. La mobilisation d’Ituri envoie un message limpide : sans justice climatique, il n’y aura ni paix, ni développement durable. Et si la RDC veut incarner une diplomatie écologique forte, elle devra d’abord apprendre à écouter ceux qui protègent le climat, non par choix politique, mais par nécessité vitale.
Par kilalopress