Sud-Kivu : le caucus des députés provinciaux AFDC-A unis contre les capitaux chinois dans l’exploitation minière illicite

Le 11 janvier 2025, une nouvelle offensive contre l’exploitation minière illicite a été lancée au Sud-Kivu, avec le soutien de 12 députés provinciaux du caucus de cette province. Ces élus se sont rassemblés pour afficher publiquement leur appui au gouverneur Jean Jacques Purusi, qui mène une bataille acharnée contre l’extraction illégale des ressources minières, en particulier par des intérêts chinois. Mais derrière ce soutien se cache une dynamique politique complexe, où les accusations, les manipulations et les enjeux géopolitiques se croisent dans un jeu d’équilibre délicat.

Dans une déclaration remarquée, ces députés ont vigoureusement dénoncé les « manipulations » de certains politiciens locaux, accusés de semer la zizanie et de nuire à la lutte contre les exploitants illégaux. Des attaques ciblant le gouverneur Purusi semblent également alimenter des divisions au sein même de l’élite politique du Sud-Kivu. Mais ce qui frappe particulièrement dans cette déclaration, c’est la fermeté des élus à condamner toute tentative d’« étouffer » les actions du gouverneur. Un message sans ambiguïté : il s’agit de soutenir l’effort de Purusi pour « sauver les ressources naturelles » de la province et « promouvoir une exploitation juste et bénéfique pour la population ».

Le nom des investisseurs chinois revient régulièrement dans les accusations d’exploitation minière illicite, particulièrement en ce qui concerne les minerais de coltan, cassitérite et or, des ressources abondantes et convoitées du Sud-Kivu. Les 12 députés ne s’en cachent pas : ils déplorent la « présence invasive » de ces capitaux étrangers, et pointent du doigt leurs pratiques qui échappent au contrôle de l’État. Mais ces élus ne se contentent pas de dénoncer les opérateurs chinois. Ils insistent sur le fait que la lutte doit viser tous les exploitants illégaux, quels que soient leur nationalité ou leur statut.

De façon plus surprenante, certains d’entre eux ont également rejeté les rumeurs récentes qui tentent d’impliquer la famille du président Félix Tshisekedi dans ce marasme minier. Ces déclarations, largement répandues sur les réseaux sociaux, ont été qualifiées de « manipulations politiques » visant à déstabiliser le gouvernement et à décrédibiliser les efforts de Purusi. Une ligne de défense qui souligne l’intensification de la guerre des récits, où chaque camp cherche à se protéger de la critique et à se forger une légitimité. Malgré les polémiques, ces députés assurent leur soutien indéfectible au président Tshisekedi, notamment dans la lutte contre l’agression du Rwanda et ses supplétifs du M23. Une position qui place la question de l’exploitation minière dans un cadre géopolitique plus large : le contrôle des ressources naturelles comme levier de pouvoir dans un contexte de guerre et d’instabilité régionale.

Mais au-delà de la défense de l’intégrité des minerais congolais, la question qui se pose est celle de la véritable portée des actions entreprises. Si le gouverneur Purusi affiche des intentions louables, son combat contre les exploitants illégaux, soutenu par ces députés, soulève des interrogations sur la capacité de l’État congolais à imposer son autorité dans tous les territoires du Sud-Kivu. La lutte contre l’exploitation illicite se heurte souvent à des résistances locales, des réseaux de corruption, et à une politique minière nationale qui peine à se réformer.

Les acteurs de la société civile, pour leur part, appellent à une « extension » de l’action du gouverneur à l’ensemble des huit territoires de la province. Mais avec des ressources humaines et logistiques limitées, cette ambition semble difficile à réaliser sans une coordination accrue entre le gouvernement provincial et les forces de sécurité. La guerre contre l’exploitation minière illicite au Sud-Kivu s’apparente à un jeu de dominos. Chaque déclaration publique, chaque soutien politique ou chaque accusation s’inscrit dans un jeu d’influence complexe où les enjeux ne sont pas uniquement économiques, mais aussi politiques et géostratégiques. Derrière la volonté de purifier la gestion des ressources naturelles, il y a des rivalités locales, des intérêts internationaux, et des enjeux de pouvoir qui dessinent les contours d’une province plus complexe que ce que la simple lutte contre les exploitants chinois voudrait laisser entendre.

Alors que les députés du Sud-Kivu affichent une solidarité avec le gouverneur Purusi, la question reste ouverte : ces actions auront-elles des répercussions réelles sur le terrain ? Ou ne s’agit-il que d’un nouveau round dans une guerre de positions entre factions politiques locales, toujours plus fragiles face aux défis extérieurs ? Les mois à venir risquent de nous en dire beaucoup.

Par Franck zongwe lukama

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