Tshopo : Conflit forestier à Bafwasende ou simple incompréhension ? La ministre Koy Taka cherche à éteindre le feu

Le 9 janvier 2025, à Kisangani, la Ministre de l’Environnement, Bijoux Koy Taka, a tenté de désamorcer une situation qui pourrait bien se transformer en un nouveau conflit foncier dans la province du Tshopo. Entre les Bavagadi et les Bevenzeke, deux communautés du territoire de Bafwasende, l’exploitation forestière a provoqué des tensions. Mais faut-il vraiment y voir un conflit, ou ne serait-ce qu’une simple incompréhension sur la gestion des terres ?

Dans le secteur de Bekeni Kondolole, au cœur du territoire de Bafwasende, la cohabitation entre deux communautés ancestrales, les Bavagadi et les Bevenzeke, semble plus que jamais mise à l’épreuve par des différends liés à l’exploitation des ressources forestières. Le nœud du problème ? Une clause sociale signée entre la société forestière IFCO et la communauté Bevenzeke, censée garantir des droits d’accès et de gestion sur une zone partagée. Mais les accusations de violation de limites de terrain entre les deux groupes ne se sont pas fait attendre. Les Bavagadi, du groupement Bavatende 2, accusent leurs voisins de Bevenzeke d’avoir franchi les bornes et d’exploiter des terres qui ne leur appartiennent pas.

Un risque de nouveau conflit foncier, alors que les cicatrices du précédent conflit de Lubunga n’ont toujours pas disparu. L’intervention de la ministre Koy Taka, jugée par certains comme une tentative de “sapeur-pompier”, semble être une manœuvre préventive avant que la situation ne dégénère davantage.

En réunissant, le 9 janvier 2025, autour d’une même table les représentants des deux communautés, ceux de la société IFCO, ainsi que des acteurs environnementaux, la ministre de l’Environnement a voulu apaiser les tensions. Mais les accusations n’ont pas tardé. Les Bavagadi n’ont pas hésité à pointer du doigt leurs voisins, affirmant que ces derniers ont violé la clause sociale signée avec IFCO. Les Bevenzeke, quant à eux, ont catégoriquement rejeté ces accusations, créant une impasse qui, selon certains observateurs, frôle le conflit ouvert. Pourtant, la ministre Koy Taka a tranché, mais d’une manière qui a soulevé plus de questions que de réponses. Elle a affirmé qu’il n’y avait pas de “conflit” à proprement parler, mais plutôt une “incompréhension”. Une position qui a de quoi surprendre, tant la tension est palpable sur le terrain. “Je ne crois pas qu’il y ait un nouveau conflit en gestation”, a-t-elle déclaré, avant de proposer une solution pour le moins pragmatique : une descente sur le terrain pour vérifier les limites physiques des deux groupements.

La proposition de la ministre semble avoir trouvé un terrain d’entente, les deux communautés ayant accepté de participer à l’enquête sur le terrain. Mais est-ce vraiment la meilleure solution ? Les tensions sont vives, et nombreux sont ceux qui estiment qu’une simple visite pourrait se transformer en un affrontement direct. Surtout lorsque l’on sait qu’un tel conflit pourrait avoir des conséquences sur l’exploitation des ressources naturelles, source de revenus pour de nombreuses familles de la région.

Si les Bavagadi et les Bevenzeke semblent prêts à coopérer pour éviter une escalade, l’ombre d’une guerre des ressources plane toujours. L’exploitation forestière reste un terrain miné où les enjeux économiques se mêlent à des considérations ethniques et territoriales. Et qui, mieux que les sociétés comme IFCO, détient véritablement les clés de la paix sociale, tout en étant au cœur du conflit ?

L’initiative de la ministre est, bien sûr, louable dans son intention de chercher une solution pacifique. Mais en sous-texte, c’est toute une dynamique de gestion des terres et des ressources naturelles qui est mise en cause. En effet, au-delà des frontières physiques entre les groupements, c’est aussi la gestion et l’exploitation des forêts, sources de conflit depuis des décennies, qui semblent avoir échappé à tout contrôle. Les multinationales forestières, comme IFCO, sont-elles prêtes à réguler leurs actions pour éviter ces guerres silencieuses ? Alors que le rendez-vous pour la descente sur le terrain approche, les observateurs se demandent si le processus de médiation ne risque pas de se transformer en un simple alibi, permettant aux parties prenantes de se déresponsabiliser de la gestion de ce conflit latent. La ministre Koy Taka pourra-t-elle réellement juguler les tensions ? L’avenir du territoire de Bafwasende en dépend.

Par kilalopress

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