Réseaux du braconnage : la traque de l’ivoire congolais s’étend jusqu’à Kigali

kilalopress – La récente arrestation, à Kigali, de trois trafiquants d’ivoire venus de la République démocratique du Congo (RDC) révèle une fois de plus l’ampleur du commerce illégal d’espèces sauvages dans la région des Grands Lacs. Interpellés le 17 octobre 2025 par la police nationale rwandaise, ces individus transportaient près de 20 kilogrammes d’ivoire, soigneusement découpés en huit morceaux, prêts à être écoulés vers les marchés asiatiques — l’une des principales destinations de ce trafic destructeur.

Derrière cette saisie, se cache une réalité alarmante : l’Afrique centrale demeure un carrefour stratégique du commerce transfrontalier d’ivoire, alimenté par des réseaux bien organisés opérant entre les forêts de la RDC, du Congo-Brazzaville, du Rwanda et de l’Ouganda. Le principal instigateur de cette filière, selon la radio publique rwandaise, est toujours en fuite, preuve du niveau de sophistication et de mobilité de ces réseaux criminels.

Au-delà de la simple arrestation, cet épisode met en lumière les conséquences directes du braconnage sur la biodiversité régionale. En RDC, les éléphants des parcs nationaux comme Garamba, Upemba ou Salonga paient un lourd tribut à la cupidité humaine. Victimes des armes des trafiquants, ces espèces emblématiques, déjà menacées par la perte de leur habitat et l’insécurité chronique, voient leur population décliner à un rythme inquiétant. Chaque défense arrachée représente la disparition d’un maillon essentiel de l’écosystème forestier.

Les ONG environnementales appellent désormais à une coopération plus ferme entre les États de la région. Si des mécanismes existent déjà, tels que la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), leur mise en œuvre reste entravée par la faiblesse des contrôles frontaliers et la corruption qui gangrène certains circuits douaniers.
« Sans une approche coordonnée et des sanctions exemplaires, la région risque de devenir un corridor privilégié du braconnage international », alerte un expert en conservation basé à Goma.

La lutte contre le trafic d’ivoire ne se limite pas à la répression : elle passe aussi par l’éducation des communautés locales et le renforcement des moyens de surveillance dans les aires protégées. Dans plusieurs zones de la RDC, des écogardes et des ONG locales mènent des actions de sensibilisation pour valoriser la biodiversité comme moteur de développement durable, et non comme une ressource à piller.

Cet arrestation de Kigali illustre enfin un paradoxe : l’ivoire congolais, symbole d’une faune en péril, alimente des marchés étrangers, tandis que sur place, les populations riveraines des forêts ne tirent aucun bénéfice de ces richesses naturelles.
Face à cette injustice écologique, les défenseurs de la nature plaident pour une gouvernance transfrontalière plus éthique et plus équitable, où la protection des espèces et des écosystèmes prime sur les profits immédiats.

Par kilalopress

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