Idjwi : la biodiversité menacée par une extraction minière controversée près de la rivière Sanza

Alors qu’une firme d’extraction s’installe discrètement aux abords de la rivière Sanza, sur l’île d’Idjwi, des voix s’élèvent pour dénoncer un projet jugé illégal et destructeur. Les défenseurs de l’environnement alertent sur une menace directe contre la biodiversité du bassin du lac Tanganyika et sur la violation des droits des communautés locales.

Sur l’île d’Idjwi, au cœur du Sud-Kivu, un vent d’inquiétude souffle. L’installation d’une entreprise minière aux environs de la rivière Sanza, sans consultation préalable des communautés riveraines, ravive les tensions entre les promoteurs du développement extractif et les défenseurs de la nature. Pour les acteurs engagés dans la protection de la biodiversité du bassin du lac Tanganyika, cette implantation marque une nouvelle dérive de la logique extractiviste au détriment de la durabilité environnementale.

« L’exploitation en cours viole les principes de la consultation libre, préalable et éclairée des populations. Elle expose la rivière Sanza à une pollution chimique et sédimentaire irréversible », déplore un membre du collectif environnemental à Idjwi. Cette rivière, véritable poumon aquatique pour les pêcheurs et les agriculteurs locaux, alimente plusieurs villages en eau et en ressources halieutiques. Sa contamination, préviennent les experts, mettrait en péril non seulement les écosystèmes aquatiques, mais aussi la santé et la sécurité alimentaire des habitants.

Depuis plusieurs années, un vaste programme régional — « Conservation de la biodiversité, gestion durable et amélioration de la sécurité de l’eau dans le bassin du lac Tanganyika » — œuvre à restaurer les forêts riveraines, protéger les corridors écologiques et renforcer la résilience des communautés face au changement climatique.
L’arrivée d’une entreprise minière dans cette zone écologique sensible menace de réduire à néant ces efforts. Le déboisement, les rejets toxiques et les activités de creusage anarchiques risquent de fragmenter les habitats naturels et d’accélérer la perte de biodiversité dans une région déjà vulnérable.

« Ce projet va à l’encontre des politiques nationales sur la gestion durable des bassins versants et trahit les engagements internationaux de la RDC en matière de conservation », ajoute le communiqué des organisations environnementales. Les habitants d’Idjwi, eux, dénoncent leur exclusion totale du processus de décision. Aucun débat public, aucune étude d’impact environnemental crédible n’a été menée avant le démarrage des travaux. Une situation qui soulève la question du respect du droit à la participation des communautés locales, pourtant consacré par la législation congolaise et les conventions internationales ratifiées par la RDC. Les acteurs de la société civile exigent la suspension immédiate des activités de la firme, le temps de réaliser une évaluation environnementale et sociale indépendante, et surtout, d’ouvrir un dialogue inclusif. Ils appellent également les autorités congolaises à faire preuve de fermeté face aux opérateurs économiques qui bafouent les principes de gouvernance environnementale.

L’affaire d’Idjwi illustre un dilemme plus large : celui d’un pays riche en ressources naturelles mais encore prisonnier d’un modèle extractif à courte vue. Dans un contexte mondial de transition énergétique et de crise climatique, le bassin du lac Tanganyika — considéré comme un réservoir crucial de biodiversité et d’eau douce — ne peut être sacrifié sur l’autel d’intérêts privés. Préserver la rivière Sanza, c’est préserver l’équilibre écologique, les moyens de subsistance des populations et la promesse d’un développement réellement durable. À Idjwi, la résistance des acteurs locaux rappelle que la lutte contre l’extractivisme n’est pas seulement une bataille environnementale : c’est un combat pour la dignité et l’avenir des communautés.

Par kilalopress

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