Kinshasa – La République Démocratique du Congo se prépare activement pour la COP30, prévue en 2025 à Belém, au Brésil. Une rencontre mondiale décisive pour l’avenir du climat et pour le rôle du Bassin du Congo dans la stabilité de la planète. Si la feuille de route adoptée par le gouvernement congolais est pleinement exécutée, les impacts pour les communautés locales pourraient être profonds — à la fois économiques, environnementaux et sociaux.
Belém sera la première COP organisée en pleine Amazonie, au cœur d’une forêt qui partage avec le Bassin du Congo le titre de « poumon de la planète ».
Pour Kinshasa, l’enjeu est double : faire reconnaître la RDC comme pays-solution dans la lutte contre les changements climatiques, et obtenir une juste compensation pour les efforts fournis par ses forêts, ses tourbières et ses communautés qui protègent ces écosystèmes au prix de lourds sacrifices.
Le gouvernement, à travers le ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Nouvelle Économie du Climat, compte s’appuyer sur sept grands principes : souveraineté environnementale, justice climatique, économie verte, territorialisation de l’action, inclusion, transparence et innovation.

Au centre de cette stratégie se trouve le Programme Couloir Vert Kivu–Kinshasa, un gigantesque corridor écologique de plus de 100 000 km² reliant les forêts tropicales de l’Est à la capitale.
Ce programme vise à connecter la conservation de la biodiversité avec le développement économique local, notamment à travers l’écotourisme, la création d’emplois verts et l’investissement dans des chaînes de valeur durables. Si le plan se réalise, plusieurs zones pilotes seront ouvertes dès 2026, avec des financements issus d’un Fonds du Couloir Vert alimenté par des partenaires internationaux comme le Canada.
Pour les communautés, cela signifierait des revenus stables issus de la gestion durable des forêts, mais aussi de nouveaux emplois dans les énergies vertes, la restauration écologique et le suivi communautaire des forêts.
L’autre grand pilier de la feuille de route s’appelle « La Forêt, c’est Nous », un programme présidentiel qui vise à restaurer 8 millions d’hectares de forêts et de terres dégradées d’ici 2030.
Concrètement, plus d’un million de Congolais pourraient bénéficier de ce programme à travers les paiements pour services environnementaux, les activités d’agroforesterie, la lutte contre les feux de brousse et la valorisation des produits forestiers non ligneux (miel, champignons, cacao, etc.).
Mais au-delà des chiffres, c’est une philosophie de souveraineté : la RDC entend garder le contrôle total sur ses ressources carbone, via une régulation nationale (ARMCA) et un registre public du carbone. Cela signifie que chaque projet de séquestration ou de crédit carbone devra être transparent, traçable et bénéfique aux communautés locales.
Lors de la COP30, la RDC veut aussi renverser le déséquilibre historique du financement climat.
Le pays plaidera pour que les nations à forte couverture forestière mais à faibles émissions bénéficient d’un soutien équitable.
À Belém, la RDC compte renforcer son alliance avec le Brésil et l’Indonésie (B30) pour former un bloc de négociation Sud–Sud capable de peser face aux grands pollueurs.
Si cette alliance aboutit, les retombées pourraient se traduire par de nouvelles sources de financement pour les projets communautaires, et une meilleure reconnaissance du rôle du Bassin du Congo dans la régulation du climat mondial. Sur le terrain, plusieurs actions phares sont programmées :
- L’opérationnalisation du registre national du carbone ;
- Le lancement de la taxe carbone nationale pour alimenter la finance verte ;
- La création du Fonds national de transition verte pour soutenir les projets d’énergie propre, de reboisement et d’adaptation ;
- La mise en défense des savanes et galeries forestières, avec un objectif de 50 000 hectares restaurés d’ici fin 2026 ;
- Et la généralisation des plans climats provinciaux dans les 26 provinces, afin de faire descendre la politique climatique jusque dans les chefferies et villages.

Si la délégation congolaise parvient à faire adopter et financer cette feuille de route, la RDC pourrait sortir de la COP30 plus forte, plus visible et plus souveraine. Les provinces verraient des emplois verts se multiplier, les communautés bénéficieraient directement de la finance de leurs forets, et les jeunes ingénieurs forestiers trouveraient une place centrale dans la transition écologique nationale.
Les forêts du Mai-Ndombe, de Kisangani ou du Kivu deviendraient alors des laboratoires vivants de la justice climatique, avec un suivi communautaire et une redistribution équitable des bénéfices.
Mais, comme souvent, tout dépendra de la volonté politique, de la transparence et de la bonne gouvernance. Car les promesses climatiques ne valent que si elles se traduisent en actions visibles dans les villages — là où les effets du changement climatique sont les plus violents.
La ministre Marie Nyange Ndambo, cheffe de la délégation congolaise, affiche son ambition : faire de la RDC le pays-solution par excellence. Pour les observateurs, cette COP30 sera donc un test. Test de leadership africain, de diplomatie climatique, mais surtout de crédibilité.
Les communautés du Bassin du Congo, elles, attendent des actes : moins de promesses, plus de projets.
Par kilalopress