RDC – Upemba lechwe : l’ombre d’une antilope oubliée ressurgit au cœur du Congo

C’est une image qui pourrait bien entrer dans l’histoire de la conservation animale : pour la première fois, l’Upemba lechwe, une antilope extrêmement rare vivant en République démocratique du Congo (RDC), a été immortalisée par un photographe.

Ce cliché unique, capturé lors d’une mission scientifique dans le sud du pays, offre un rare aperçu d’un animal au bord de l’extinction.Dans la dépression de Kamalondo, au cœur du parc national d’Upemba, une équipe de chercheurs menait une enquête aérienne afin d’évaluer l’état de la population de cette sous-espèce d’antilope, officiellement reconnue en 2005. Ce qu’ils ont vu est à la fois encourageant et alarmant : seulement dix individus recensés. Parmi eux, un seul a brièvement interrompu sa course pour fixer l’hélicoptère, offrant au biologiste Manuel Weber l’opportunité de prendre ce qui pourrait être la première photographie connue d’un Upemba lechwe vivant.

« Il s’est arrêté littéralement quelques secondes », raconte Weber, encore ému par l’instant. « Les nuits précédentes, je dormais à peine, hanté par l’idée de ne rien trouver, et donc d’être les témoins impuissants de la disparition d’une espèce. »Classée parmi les grands mammifères les plus menacés au monde, l’Upemba lechwe serait aujourd’hui moins de cent à subsister dans leur habitat fragmenté et fragile. Ces dernières données, publiées dans la Revue africaine d’écologie, constituent la première mise à jour sérieuse depuis plus d’un demi-siècle. C’est dire à quel point cette mission était attendue par la communauté scientifique.

« Le simple fait qu’ils soient encore là est déjà un miracle », souligne Weber, principal auteur de l’étude. « Mais si des mesures urgentes de protection ne sont pas prises, cette population disparaîtra à court terme. »L’Upemba lechwe est l’un des nombreux exemples d’espèces menacées tombées dans l’oubli médiatique, faute de visibilité ou d’intérêt politique. Leur discrétion naturelle, combinée à l’instabilité de certaines régions de la RDC, a contribué à leur effacement progressif des radars scientifiques. Pourtant, leur survie est étroitement liée à celle de leur écosystème humide, un biotope fragile qui abrite également de nombreuses autres espèces endémiques. Ce cliché inédit pourrait bien changer la donne. En attirant l’attention du public et des décideurs, il ravive l’espoir d’une prise de conscience, voire d’un plan de sauvegarde. Car dans le monde de la conservation, parfois, une simple photo peut valoir mille plaidoyers.

Par Franck zongwe Lukama

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