Kinshasa : plus d’un million d’habitants de l’ouest sans eau, la crise hydrique s’aggrave

Alors que l’eau devrait couler de source, c’est un désert liquide qui s’est abattu sur l’Ouest de Kinshasa depuis le 26 mai. La Régie de distribution d’eau (REGIDESO) a dû arrêter sa station de traitement de Lukunga, conséquence directe des pluies diluviennes qui ont noyé la capitale… dans le sable. En toile de fond: une crise environnementale devenue un drame humain.

Du quartier Pompage à Kinsuka Pêcheurs, en passant par Mbudi ou Mont Ngafula, le scénario est le même : les robinets sont à sec, les habitants à bout de souffle. L’eau, bien commun devenu rare, se négocie désormais à prix d’or. « Pour avoir de quoi boire, on débourse jusqu’à 16 000 francs par jour », confie Ketia, 18 ans, qui doit payer chaque bidon 1 000 francs congolais, plus 5 000 francs pour acheminer l’eau jusqu’à chez elle, perchée sur la colline de Sola. Une addition insoutenable pour des familles qui peinent déjà à joindre les deux bouts.

À l’origine de cette rupture : les pluies torrentielles qui ont transporté des masses de sable dans les rivières Lukunga, Lukaya et N’djili. Résultat : les conduites d’amenée d’eau de la REGIDESO se sont retrouvées obstruées. Les installations, déjà fragiles, ont cédé sous la pression. Selon Raymond Matundu Parka, directeur régional de REGIDESO à Kinshasa Ouest, les travaux de curage sont en cours, mais aucune date de remise en service n’est avancée. Cette vulnérabilité structurelle, pointée depuis des années par les experts, s’aggrave à chaque saison pluvieuse. Le réseau hydraulique de la ville, mal entretenu, sous-dimensionné, peine à résister aux effets du climat devenu imprévisible. Dans ce contexte, l’accès à l’eau — droit fondamental — devient un luxe précaire.

Plus qu’une crise ponctuelle, cette coupure révèle un mal plus profond : l’inadéquation criante des infrastructures face aux chocs climatiques. « On nous promet des solutions, mais chaque pluie nous ramène à zéro », déplore Eugénie, mère de famille à Kinsuka Pêcheurs. Entre forages privés aux tarifs fluctuants et solidarité de quartier sous pression, la population s’organise comme elle peut. Mais le ras-le-bol monte. « Avant, l’eau était un service public. Aujourd’hui, c’est un marché où chacun paie pour survivre », résume un habitant de Don Bosco, factures en main. En attendant le retour de l’eau, les habitants vivent au rythme des corvées, de la chaleur, et de l’angoisse.

Kinshasa, mégapole de plus de 15 millions d’habitants, peut-elle continuer à fonctionner avec un système aussi vulnérable ? La question devient brûlante à mesure que le climat se dérègle. Ce n’est plus seulement une question de maintenance technique, mais un défi de gouvernance environnementale. La ville doit penser sa résilience dès maintenant, ou subir demain les conséquences d’une inaction chronique. Certains habitant de kinshasa craignent que aussi longtemp que les pluies feront taire les stations de traitement, l’eau restera pour beaucoup un mirage. Et la capitale congolaise, un théâtre de survie où chaque goutte se gagne à la sueur du front.

Par kilalopress

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