Kinshasa, 23 octobre 2025 (Kilalopress). – À l’occasion de la deuxième journée du Forum des Énergies Renouvelables et Innovations Technologiques (FERIT 2025), tenu à l’Université de Kinshasa, la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) a livré une présentation dense et structurée sur le rôle déterminant du secteur privé dans la transition énergétique. L’intervention de son représentant a mis en lumière les apports, défis et perspectives de ce maillon central pour l’atteinte des ambitions nationales en matière d’énergie durable.
Selon la FEC, le secteur privé congolais constitue un levier incontournable du développement durable, non seulement par sa capacité de financement, mais aussi par son potentiel d’innovation et de création d’emplois. L’objectif est ambitieux : mobiliser 20 milliards USD d’investissements privés d’ici 2030 dans la production, le transport, la distribution et les énergies renouvelables.
Déjà, plusieurs initiatives en témoignent : Rawbank a injecté 20 millions USD dans des projets solaires, tandis que l’IFC (Société Financière Internationale) soutient à hauteur de 400 millions USD la mise en place de 180 MW d’énergie solaire. Dans le Haut-Katanga, une centrale solaire de 8 MWp avec stockage est en cours de déploiement, renforçant le développement local et la création d’emplois. Le projet “Moyi Power”, fruit d’un partenariat public-privé entre la Banque africaine de développement (BAD) et le secteur privé, vise à desservir plus d’un million de bénéficiaires.
Malgré ces avancées, la FEC a pointé du doigt plusieurs freins systémiques qui entravent l’investissement privé dans les énergies renouvelables. L’environnement d’affaires reste jugé à haut risque, marqué par un financement coûteux, un cadre juridique complexe et la prolifération de plus de 80 taxes pesant sur les entreprises.
À cela s’ajoute la faible couverture du réseau national, rendant coûteuse l’intégration des énergies renouvelables au système existant. L’écosystème du marché énergétique congolais demeure peu structuré, manquant d’incitations fiscales et d’un cadre incitatif cohérent pour attirer les investisseurs.
Pour inverser la tendance, la FEC propose un ensemble de réformes structurelles :
- Amélioration du cadre réglementaire et fiscal, en le rendant plus simple, stable et attractif ;
- Garantie des investissements à travers des mécanismes de couverture des risques, tels que la SEFA (Sustainable Energy Fund for Africa) de la BAD ;
- Promotion des mini-réseaux hybrides et des solutions hors réseau, adaptées aux zones rurales enclavées ;
- Création d’incitations financières, à l’image du Fonds Mwinda pour le solaire ;
- Renforcement des compétences locales et développement d’une chaîne de valeur nationale dans le secteur énergétique ;
- Enfin, promotion de la transparence et de la bonne gouvernance pour stimuler la confiance des investisseurs.
Pour coordonner ces efforts, la FEC a mis en place la Commission Nationale Environnement, Climat et Développement Durable. Cette instance a pour mission de centraliser les préoccupations des entreprises, de créer un cadre de dialogue avec les pouvoirs publics et les bailleurs, et de former les sociétés membres à la responsabilité environnementale. Cette démarche vise à positionner le secteur privé congolais comme acteur central de la transition écologique, en promouvant des projets pilotes dans les énergies renouvelables et l’économie verte.
La FEC plaide pour une alliance stratégique entre l’État et le secteur privé afin de bâtir une économie compétitive et durable. « Le capital, l’innovation et l’efficacité du privé doivent s’appuyer sur un cadre institutionnel stable pour libérer le potentiel énergétique immense de la RDC », a résumé le représentant de la FEC. Le message est clair : la transition énergétique congolaise ne se fera pas sans le secteur privé, catalyseur de solutions durables et moteur d’une nouvelle économie verte.
Par kilalopress