Lualaba : La cohabitation impossible entre Kapepa et les hippopotames

Depuis 2018, le village de Kapepa, niché dans le territoire de Mutshatsha à 15 km de Kolwezi (Lualaba), vit sous la menace constante de deux hippopotames. Ces mammifères imposants ravagent les cultures, bloquent l’accès au fleuve Congo et plongent les habitants dans une anxiété permanente. Une situation qui interroge sur l’équilibre fragile entre préservation de la faune et sécurité des populations.

Avec plusieurs milliers d’âmes, Kapepa dépend largement de l’agriculture et de la pêche pour survivre. Or, depuis six ans, ces activités vitales sont gravement perturbées. « Avant 2018, nous cultivions et pêchions sans crainte. Mais ces animaux ont tout changé », confie Béatrice Kaj, une résidente. Les champs sont piétinés, les récoltes réduites à néant, tandis que les eaux du fleuve, jadis généreuses, deviennent un piège mortel. En cause également : une société minière locale ayant modifié le cours des eaux, sans pour autant installer de barrières de protection. « Ils refusent de poser des clôtures, alors qu’ils exploitent nos terres depuis des années », déplore-t-elle.

Au-delà des pertes matérielles, le drame a aussi une dimension humaine. En 2020, une habitante a été attaquée par l’un des pachydermes, lui laissant des séquelles permanentes. « Aujourd’hui, je suis handicapée », témoigne-t-elle, la voix empreinte d’émotion. Ce récit illustre le quotidien d’une population prise en étau entre la peur et la nécessité de subvenir à ses besoins.Face à cette crise, les habitants pointent du doigt l’inaction des responsables locaux. Pour apaiser les tensions, la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka Saini, a dépêché sur place son ministre provincial de l’Environnement, Nicodème Wamana. En attendant, la vie à Kapepa ressemble à un compte à rebours. Les nuits sont hantées par le grondement des bêtes, les jours par l’angoisse de nouvelles attaques. Les villageois espèrent une résolution rapide, permettant de renouer avec leurs traditions agricoles et halieutiques. Reste à savoir si les autorités sauront concilier urgence humanitaire et respect de la biodiversité – un défi complexe dans une région où l’activité minière façonne aussi bien les paysages que les destins. L’histoire de Kapepa rappelle cruellement que les conflits homme-faune sauvage exigent des réponses équilibrées. Entre développement économique et protection des citoyens, la voie est étroite. Mais pour ces villageois, chaque jour perdu renforce le sentiment d’abandon.

Par kilalopress

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