Kinshasa : Prise à partie contre un juge militaire ; vers une justice pour 36.000 paysans expulsés de leurs terres et dans environnement protégé? Un militant climatique impliqué dans la défense

Kinshasa, 17 juin 2025 – La Haute Cour militaire de Kinshasa a renvoyé, ce mardi, à la huitaine l’affaire de prise à partie introduite contre un juge militaire de Goma, accusé de faute grave dans une affaire impliquant cinq défenseurs des droits fonciers représentant 36.000 paysans brutalement expulsés de leurs terres ancestrales dans le territoire de Masisi et Rutchuru (Nord-Kivu).

Ce report vise à permettre à la défense de consulter pleinement le dossier et d’obtenir les pièces essentielles à la préparation de sa plaidoirie. « La Haute Cour a entendu les parties ainsi que l’avis du ministère public. Elle se voit dans l’obligation de renvoyer la cause à la huitaine », a déclaré le président de la composition. Le greffier a été instruit de faciliter immédiatement l’accès au dossier.

Le procureur militaire a soutenu cette décision en évoquant les principes d’un procès équitable : « On ne juge pas ici des personnes malades. Il est juste que le prévenu soit mis dans de bonnes conditions pour pouvoir dire le droit. »

Me Jean-Claude Bashangwa, avocat du défenseur des droits fonciers Ndesho Kabwene, a expliqué l’enjeu fondamental de cette affaire : « Notre client a été condamné à 20 ans de prison par un juge militaire de Goma, mais nous avons constaté une faute lourde dans le jugement. Le juge a clairement penché en faveur de la partie civile, en violation du principe d’impartialité. »

Ndesho Kabwene et quatre autres militants climatique représentaient les intérêts de 36.000 paysans vivant et travaillant depuis des générations dans des concessions agricoles du Nord-Kivu. Ces familles ont été brutalement expulsées à la suite des conflits liés à la guerre de RCD. Aujourd’hui, elles vivent dispersées dans des camps de déplacés, privées de leurs droits et de leur dignité.

Le comité de défense mis en place avait pour mission de porter la voix de ces communautés spoliées. Leur condamnation soulève de graves inquiétudes sur la criminalisation des défenseurs de l’environnement et des droits fonciers dans l’est de la RDC.

L’audience reportée au 24 juin 2025 sera cruciale pour rétablir la vérité dans cette affaire aux lourdes implications sociales et environnementales. Le combat juridique engagé par les avocats de la défense illustre la nécessité d’une justice impartiale, au service des populations rurales et des militants qui défendent leur droit à la terre.

Disons que ce procès avait débuté au nord kivu à la suite d’un important élan de soutien envers ces militants climatiques, dans le cadre d’un programme global d’assistance legal en faveur des défenseurs du climatique, œuvrant dans des contextes de déforestation et de lutte contre les énergies fossiles à travers le monde, soutenu par la plateforme global climate legal defense Clidef en sigle. Ce dossier pose une question essentielle : peut-on continuer à réprimer celles et ceux qui, pacifiquement, défendent leur droit à vivre dignement sur leurs terres ?

Par kilalopress

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