Kinshasa : les OSC du Bassin du Congo passent du dialogue à l’action pour sauver la deuxième forêt tropicale du monde

Kinshasa, 31 octobre 2025 – Sous le thème évocateur « Du dialogue à l’action : construire un front régional uni pour le climat, les forêts et les peuples du Bassin du Congo », des dizaines d’organisations de la société civile, de représentants autochtones, de chefs traditionnels et d’acteurs publics venus des six pays forestiers d’Afrique centrale se sont réunis à Kinshasa pour une rencontre historique.

Organisée par Greenpeace Afrique, cette deuxième Conférence régionale des OSC du Bassin du Congo s’est conclue par la Déclaration de Kinshasa, un texte fort qui sonne comme un cri d’alarme, mais aussi une feuille de route vers une gouvernance écologique juste, inclusive et souveraine. Les participants ont dressé un constat sévère : la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, véritable poumon vert de la planète, est menacée par la déforestation industrielle, l’exploitation illégale du bois, la conversion massive des terres pour l’agriculture industrielle et les projets miniers.
Pire, selon les OSC, le modèle colonial d’extraction perdure sous des formes modernes, où les multinationales exploitent les ressources naturelles à grande vitesse, pendant que les communautés locales s’enfoncent dans la pauvreté.

« Le Bassin du Congo ne peut plus être le gisement du monde. Nous exigeons un changement de paradigme : passer de l’extraction au développement durable », a insisté un représentant de la plateforme régionale des OSC.

À la veille de la COP30, les organisations ont promis d’intensifier la mobilisation régionale pour faire entendre la voix des peuples du Bassin du Congo dans les espaces internationaux.
Elles s’engagent notamment à :

  • Surveiller et dénoncer les projets destructeurs de forêts ;
  • Promouvoir des réformes juridiques audacieuses pour la transparence et la redevabilité ;
  • Renforcer la sensibilisation des communautés sur l’accès au financement climatique ;
  • Investir dans des solutions locales, comme l’agroécologie, la reforestation communautaire et la transformation locale du bois ;
  • Et créer un mécanisme participatif de suivi et d’évaluation des engagements pris.

Cette dynamique traduit un changement d’attitude : les OSC ne veulent plus se limiter aux déclarations, mais imposer un véritable rapport de force face aux États et aux bailleurs. Dans leur appel à l’action, les organisations de la société civile interpellent les gouvernements du Bassin du Congo et les partenaires internationaux.
Elles demandent la fin des politiques extractivistes et réclament des investissements orientés vers des modèles économiques durables et équitables, fondés sur la justice climatique.

La Déclaration exhorte également les pays du Nord à s’acquitter de leur dette climatique, en cessant de polluer et en soutenant les efforts d’adaptation des pays du Sud par des financements directs, transparents et non conditionnés.

Mais le message s’adresse aussi aux dirigeants africains : « La gouvernance environnementale ne doit plus être un discours de façade. Les droits fonciers et la participation des communautés doivent être garantis par la loi », souligne la Déclaration.
Les OSC réclament ainsi la sécurisation des terres communautaires, le respect du consentement libre, informé et préalable (CLIP), et le partage équitable des bénéfices issus de l’exploitation des ressources naturelles. En filigrane, la Déclaration de Kinshasa porte une vision politique : celle d’un Bassin du Congo souverain, écologique et socialement juste.
Les signataires souhaitent rompre avec la dépendance aux modèles imposés par l’extérieur et valoriser les savoirs endogènes, les initiatives communautaires et l’expertise locale dans la gestion durable des ressources naturelles.

Cette déclaration se veut une feuille de route à l’horizon 2030, avec l’ambition de faire du Bassin du Congo non seulement un rempart contre le changement climatique, mais aussi un laboratoire africain de la gouvernance climatique. Avec cette Déclaration, la société civile du Bassin du Congo envoie un message clair : l’avenir des forêts africaines ne se décidera plus sans les communautés qui y vivent.
À l’heure où la planète s’apprête à se rassembler pour la COP30, Kinshasa vient de tracer la voie d’un front uni, lucide et déterminé, décidé à transformer la parole en actes.

Par kilalopress

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