Kinshasa, le 21 mai 2025 – « Ce que nous déciderons ici contribuera à façonner l’avenir de la forêt congolaise, des communautés locales gardiennes des forêts, et du climat mondial. » C’est sur ces mots forts que Son Excellence Madame Ève Bazaiba Masudi, Ministre d’État, Ministre de l’Environnement et Développement Durable de la République Démocratique du Congo (RDC), a clôturé l’atelier régional consacré à l’initiative Tropical Forests Forever Facility (TFFF), tenu cette semaine au Fleuve Congo Hôtel, à Kinshasa.
Durant plusieurs jours, les délégations des pays du Bassin du Congo, accompagnées de partenaires techniques, financiers et diplomatiques, se sont réunies autour d’une ambition commune : renverser la dynamique de sous-financement chronique des forêts tropicales, et plus spécifiquement, du deuxième plus grand massif forestier du monde, situé au cœur de l’Afrique centrale.
Dans son allocution d’ouverture et de clôture, la ministre Bazaiba a dressé un constat sans appel : alors que les forêts du Bassin du Congo séquestrent chaque année plus de 1,5 milliard de tonnes de CO₂, elles reçoivent à peine une infime part des financements climatiques mondiaux. Moins de 40 millions USD mobilisés entre 2017 et 2021, face à 90 milliards nécessaires pour mettre en œuvre les engagements climatiques nationaux – un déséquilibre qualifié d’injustice climatique flagrante par la ministre.
C’est dans ce contexte que l’initiative TFFF, portée par le Brésil et soutenue par la RDC, l’Allemagne, et le PNUD, prend tout son sens. Elle ambitionne de mobiliser jusqu’à 125 milliards USD pour la conservation des forêts tropicales, sans imposer aux pays un taux de déforestation zéro mais en récompensant la préservation effective et durable des surfaces forestières.
Présentant le mécanisme de financement du TFFF, le représentant du PNUD a détaillé un modèle novateur qui combine capitaux publics, privés et philanthropiques. Un fonds, le Tropical Forest Investment Facility (TFIF), émettra des obligations sur les marchés financiers pour multiplier jusqu’à quatre fois le capital initial levé. Les intérêts générés par les investissements serviront à rembourser les dettes, rémunérer les investisseurs, mais surtout à financer les paiements annuels basés sur les résultats aux pays forestiers tropicaux (PFT).
Ces paiements sont conçus pour récompenser la conservation, indépendamment des efforts de réduction de la déforestation, et s’appuient sur des données satellitaires fiables. Par exemple, un pays comme la RDC pourrait recevoir 4 USD par hectare de forêt intacte maintenue, sous réserve de satisfaire à des critères stricts de surveillance et de transparence.
Le TFFF se distingue aussi par une approche incitative mais rigoureuse :
Les pays à faible taux de déforestation (<0,3 %/an) seront les plus récompensés, tandis que ceux dépassant les seuils verront leurs paiements réduits selon une formule stricte.
Un minimum de 20 % des fonds perçus devra être alloué aux populations autochtones et communautés locales (PA&LC).
L’utilisation des paiements devra être transparente, traçable et complémentaire aux budgets nationaux existants.
De plus, seuls les pays respectant une série de critères – dont la baisse continue du taux de déforestation et l’existence de mécanismes de gouvernance financière fiables – resteront admissibles à long terme.
Cet atelier, à la veille de la COP30 au Brésil, s’inscrit dans une dynamique stratégique pour les pays du Bassin du Congo. Ces derniers entendent désormais parler d’une seule voix, armés d’un argument écologique indiscutable et d’un outil financier concret.
« Le TFFF est une chance historique pour les pays forestiers », a insisté Mme Bazaiba. « Il s’agit de reconnaître la valeur mondiale de nos écosystèmes, tout en garantissant la souveraineté environnementale des États qui les protègent. »
La gouvernance du TFFF repose sur des principes essentiels : simplicité des procédures, transparence totale, utilisation des systèmes nationaux existants, prise de décision souveraine et responsabilisation des bénéficiaires. Le mécanisme intègre également un système de règlement des griefs, garantissant une redevabilité locale et internationale.
Avec cet atelier, la RDC réaffirme son rôle de leader environnemental en Afrique, et place la barre haute pour une coopération régionale autour des forêts. Les conclusions issues de Kinshasa nourriront les positions des pays du Bassin lors des prochaines négociations climatiques.
L’atelier régional sur le TFFF à Kinshasa marque un tournant majeur pour la politique environnementale du continent africain. Grâce à cette initiative, les forêts tropicales ne seront plus seulement vues comme des réservoirs de carbone, mais comme des actifs écologiques d’une valeur inestimable, dignes d’un financement international stable, équitable et à long terme.
Par kilalopress
4 $ par hectare ne représente rien pour la RDC et je penses la RDC doit expliquer ces ressources forestières enfin de contribuer à son développement interne. Et réserver 20% pour les PA et CL représente quoi ? Car les gardiens devraient des forêts devraient être au premier rang. De toutes les initiatives internationales la RDC a changer quoi ?