RDC : Le président Felix Tshisekedi face à un dilemme politique clair : préserver un système d’opacité budgétaire ou affirmer un leadership clair en faveur de la justice environnementale et des droits des communautés minières.

RDC – Détournement de fonds, violations légales, absence de transparence : le Fonds Minier pour les Générations Futures (FOMIN), censé préparer l’après-mine en RDC, est au cœur d’un scandale qui pourrait compromettre la résilience environnementale et sociale des régions les plus vulnérables du pays.

Le Fonds Minier pour les Générations Futures (FOMIN) a été créé pour une mission précise : financer les projets de reconversion économique et de réhabilitation des territoires détruits par l’exploitation minière en RDC. En clair, il s’agit d’une épargne publique, payée par les compagnies minières, pour garantir un avenir aux régions après l’épuisement de leurs ressources naturelles.

Mais une alerte grave vient d’être lancée par une coalition de dix organisations de la société civile. Dans une lettre ouverte adressée au président Félix Tshisekedi, elles dénoncent des « détournements systémiques » et appellent à une réaction urgente pour sauver ce fonds crucial.

Selon les ONG, le directeur de cabinet du président a ordonné, par une note datée du 6 mars 2025, d’utiliser les ressources du FOMIN pour financer des centres de formation professionnelle dans trois provinces. Or, cette utilisation contrevient directement au décret de 2023, qui stipule que ces fonds doivent exclusivement financer des projets post-miniers. « Comment justifier de tels écarts par rapport aux textes fondateurs ? » s’indignent les signataires . Le second cas concerne le placement de 100 millions de dollars du FOMIN en obligations de la Banque centrale, sur décision du ministre des Finances. Problème : aucune étude préalable n’a été menée sur les risques. Cette décision va à l’encontre de l’article 7 du décret d’application, qui interdit formellement de mobiliser ces fonds pour garantir des budgets annexes.Chaque dollar du FOMIN détourné, c’est une école non construite, une rivière polluée non réhabilitée, un village minier sans routes ni dispensaire. Ces fonds étaient censés compenser des décennies de pollution, de déplacements forcés et d’injustices sociales liées à l’activité minière. Or, aujourd’hui, ces communautés minières sont les premières victimes de cette mauvaise gouvernance. Dans leur lettre ouverte, les ONG réclament : L’annulation immédiate des transferts vers la Banque centrale; La restitution intégrale des fonds détournés et la réalisation d’un audit indépendant, prévu par la loi mais jamais appliqué depuis 2023. Un rappel sévère est adressé à l’État : les articles 7 bis et 32 bis du Code minier exigent un contrôle annuel du FOMIN par des experts accrédités. Ce contrôle n’a jamais été mis en œuvre. Ce scandale dépasse les frontières congolaises. Alors que la RDC est au cœur de la transition énergétique mondiale (cobalt, lithium, cuivre), la transparence dans la gestion des revenus miniers est scrutée de près par les bailleurs, les investisseurs éthiques et les ONG internationales.

Une gouvernance faible sur le FOMIN pourrait faire fuir les financements verts et nuire à la réputation du pays en tant que fournisseur stratégique. Le président Felix Tshisekedi est désormais face à un dilemme politique clair : préserver un système d’opacité budgétaire ou affirmer un leadership clair en faveur de la justice environnementale et des droits des communautés minières. La balle est dans son camp. Sa réponse déterminera si le FOMIN redeviendra un instrument de réparation… ou un simple levier politique.

Par kilalopress

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