RDC : Rocades de Kinshasa, Gisaro secoue sicomines et SISC, mais les travaux restent dans les cartons !

Le 4 novembre 2024, une réunion de travail au Ministère des Infrastructures et Travaux Publics (ITP) a mis en lumière les dérives inquiétantes du programme sino-congolais censé transformer la capitale de la République Démocratique du Congo, Kinshasa. Autour de la table, le ministre Alexis Gisaro n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les problèmes qui freinent l’avancement des Rocades, un projet emblématique pourtant crucial pour la mobilité de la ville. Financement des études, gestion de la sous-traitance, et décaissement des fonds : la recette d’un fiasco annoncé ?

Si l’on en croit les dires du ministre, la première cause de la lenteur des travaux des Rocades réside dans un défaut de préparation. À l’heure où des infrastructures de cette envergure devraient être basées sur des études techniques solides, le programme se heurte à un obstacle majeur : l’insuffisance de financement pour ces études. Selon Alexis Gisaro, pour garantir le succès du projet à long terme, Sicomines (l’entreprise chinoise partenaire) devrait allouer 4 % de son budget annuel à la réalisation des études préalables. Une somme qui semble dérisoire à l’échelle du programme, mais qui, selon le ministre, constituerait un fondement indispensable pour la bonne conduite des travaux futurs. Si cette somme n’est pas débloquée, la question se pose : comment espérer des projets d’envergure sans une planification sérieuse ?

Mais ce n’est pas tout. Gisaro a insisté sur un autre point essentiel : l’indépendance des études. Une règle de base, quasi sacrée dans le secteur des infrastructures, mais qui semble avoir été ignorée jusqu’ici. Le ministre exige donc que l’entreprise en charge de la construction des Rocades (SISC) ne soit pas la même que celle responsable des études. Une évidence que l’on pourrait penser inattaquable, mais qui, semble-t-il, ne figure même pas parmi les priorités des acteurs chinois, habitués à une gestion monolithique de leurs projets.

Pire encore : la gestion de la sous-traitance apparaît comme un autre casse-tête qui bloque l’avancée du projet. Sur les 7 à 9 projets initialement prévus, seuls trois ont été attribués aux entreprises chinoises. Les six autres, sensés dynamiser l’économie locale et faire travailler les entreprises congolaises, sont restés dans les tiroirs, sans exécution réelle. Le ministre Gisaro a, une fois de plus, haussé le ton, dénonçant le manque d’engagement des acteurs sino-congolais à libérer les fonds nécessaires à l’exécution des projets locaux.

Est-ce là un manque d’ambition, ou une stratégie délibérée pour maintenir la mainmise des entreprises chinoises sur l’ensemble des chantiers ? Si des entreprises congolaises devaient être mises à contribution, pourquoi ne le sont-elles pas ? D’un côté, la promesse de créations d’emplois et de développement économique ; de l’autre, une paralysie apparente du système de sous-traitance. La situation est pour le moins préoccupante.

Le clou du spectacle réside sans doute dans l’affaire du décaissement des fonds. Selon l’accord initial, 30 % du budget total du projet devait être débloqué dès la signature du contrat. Or, à l’heure actuelle, rien n’a été fait. Le ministre a vertement critiqué l’inaction des financeurs, leur rappelant leurs obligations et leur demande impérieuse de respecter leurs engagements. Il semble que, comme souvent dans les grands projets internationaux, les promesses soient plus rapides à signer que les fonds à se matérialiser.

Cette situation met en lumière un problème récurrent dans la gestion des projets d’infrastructures en Afrique : des accords signés dans la précipitation, des financements qui se font attendre, et une gestion des ressources qui tarde à s’adapter à la réalité du terrain. Mais que se passe-t-il lorsque les partenaires financiers chinois oublient leurs engagements ? Les Congolais en payent-ils le prix ?

À la fin de cette réunion, une note d’optimisme a été injectée dans ce tableau plutôt sombre. Sicomines et SISC ont promis de redoubler d’efforts pour surmonter les obstacles évoqués par le ministre et relancer le projet. Sicomines, en particulier, s’est engagée à mobiliser les ressources nécessaires pour débloquer les fonds manquants et permettre une exécution rapide des travaux. Tout un programme… mais qu’en est-il des garanties concrètes ? Les promesses sont légion, mais les résultats tardent à suivre.

Le programme des Rocades de Kinshasa, tel qu’il est mené aujourd’hui, semble plus une série de contretemps qu’un projet structurant pour la ville. Derrière les discours officiels, le ministre Alexis Gisaro ne cache plus sa frustration. Reste à voir si la mise en œuvre des solutions proposées par les parties prenantes permettra de sauver ce projet avant qu’il ne devienne un symbole supplémentaire de l’inefficacité dans la gestion des grands programmes d’infrastructures en Afrique. En attendant, Kinshasa attend toujours ses rocades.

Par kilalopress

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