RDC : L’ombre du charbon de bois, un gouffre économique et écologique pour la RDC

La République Démocratique du Congo (RDC), riche de ressources naturelles immenses, se trouve paradoxalement prise au piège d’un modèle énergétique obsolète, où la dépendance au charbon de bois, ou « Makala », pèse lourdement sur son développement économique et environnemental. Chaque année, ce secteur engloutirait jusqu’à 4 milliards de dollars américains, une somme colossale qui pourrait être investie autrement pour assurer la transition énergétique du pays. Dans ce contexte, le secteur de l’énergie en RDC vit un paradoxe inquiétant : malgré l’énorme potentiel hydroélectrique et les opportunités d’énergies renouvelables, 94 % du mix énergétique repose sur le bois, alimentant à la fois la déforestation, la pollution et les inégalités sociales. Le temps est venu d’explorer des alternatives viables avant que la situation ne devienne irréversible.

Chaque année, la RDC consacre 4 milliards de dollars au charbon de bois, qui alimente plus de 60 % de la consommation d’énergie domestique. Un chiffre sidérant dans un pays qui dispose de ressources naturelles d’une richesse inouïe. Ce marché de Makala représente ainsi un poids économique majeur qui pourrait être réorienté vers des solutions plus durables. Pourtant, selon Fabrice Lusinde, directeur général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), le pays reste captif de ce modèle de consommation archaïque, surtout dans les zones rurales.

La RDC, malgré son immense potentiel en matière d’hydroélectricité et d’énergies renouvelables, est contrainte par son manque d’infrastructures et l’incapacité de structurer un réseau électrique stable. Ce déséquilibre, où seulement 1,2 milliard de dollars sont consacrés à l’électricité, soulève un enjeu majeur pour la stabilité et le développement du pays. Les 6 milliards de dollars dépensés dans l’énergie sont pour une large part engloutis dans la consommation de Makala, qui reste la solution énergétique privilégiée dans les foyers congolais, faute d’alternatives viables. L’un des effets les plus dramatiques de cette dépendance au charbon de bois est l’accélération de la déforestation. Chaque année, près de 500 000 hectares de forêts congolaises disparaissent, une situation alarmante dans un pays dont les forêts constituent un des poumons de la planète. Cette déforestation massive ne menace pas seulement la biodiversité, mais participe activement au réchauffement climatique global. L’impact de cette situation se fait également ressentir au niveau local : les communautés qui dépendent directement de ces forêts pour leur subsistance voient leurs moyens de vie menacés, et l’agriculture, dans certaines régions, devient de plus en plus difficile en raison de la perte de terres arables.

Mais au-delà de l’environnement, c’est la santé des populations qui est également mise en péril. La combustion du charbon de bois dans des espaces fermés génère des gaz toxiques et des particules fines, augmentant les risques de maladies respiratoires, notamment chez les femmes et les enfants. Le système de santé déjà fragile de la RDC doit faire face à ces nouvelles menaces qui alimentent un cercle vicieux de pauvreté et de mal-être. Pour les consommateurs, la situation est tout aussi préoccupante. Le coût du charbon de bois représente une part importante du budget des ménages, particulièrement dans les zones urbaines, où la demande reste élevée. La flambée des prix, liée à l’augmentation de la demande et à l’épuisement des ressources locales, rend l’accès à l’énergie de plus en plus inabordable pour les familles les plus pauvres. En conséquence, une partie de la population se retrouve à devoir jongler entre leurs besoins en énergie et d’autres nécessités vitales, exacerbant les inégalités sociales.

Pour les investisseurs, cette situation crée un climat d’incertitude. L’absence d’infrastructures fiables et l’incapacité du pays à diversifier son mix énergétique freinent les investissements dans le secteur énergétique. L’attrait de la RDC pour les investisseurs étrangers dans le secteur de l’énergie demeure limité en raison des risques liés à cette dépendance au bois-énergie et de l’absence de solutions alternatives durables.

Certains experts preconnisent que si la RDC veut se libérer du poids de cette dépendance au charbon de bois, elle doit opérer une transition énergétique ambitieuse, en développant les infrastructures nécessaires à l’électrification, notamment dans les zones rurales. Cela passera par des investissements dans des sources d’énergie plus durables, telles que l’hydroélectricité, le solaire ou l’éolien, tout en assurant une gestion plus rationnelle de ses forêts. Cette transition n’est pas seulement une opportunité, mais une nécessité si le pays veut réellement sortir de son paradoxe énergétique, protéger ses écosystèmes et assurer un avenir prospère à ses citoyens. Les entreprises minières, acteurs incontournables du pays, pourraient et devraient jouer un rôle de catalyseur dans cette transformation. La balle est désormais dans le camp des décideurs et des investisseurs : la RDC a-t-elle le courage de rompre avec un passé énergétiquement obsolète ?

Par kilalopress

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