La République Démocratique du Congo, l’un des pays les plus riches en ressources naturelles, se retrouve dans une position paradoxale. Alors qu’elle dispose d’une richesse minière inestimable, des pratiques opaques et des détournements de fonds menacent de priver la population congolaise des bénéfices qui devraient logiquement découler de ces ressources. Le cas de Dan Gertler, un homme d’affaires israélien qui perçoit des royalties sur des projets miniers stratégiques, illustre une réalité amère : une grande partie des revenus miniers ne parviennent pas à l’État, et encore moins aux communautés congolaises.
Ce phénomène, dénoncé par la coalition Congo N’est pas à Vendre (CNPAV), soulève une question cruciale : que restera-t-il pour les Congolais quand les règles du jeu sont manipulées en faveur d’un petit nombre d’individus au détriment de l’ensemble du pays ? Les royalties, somme que les exploitants miniers sont censés verser en contrepartie de l’exploitation des ressources naturelles, sont une source importante de revenus pour les États riches en ressources. En théorie, ces fonds devraient contribuer au financement de projets publics, d’infrastructures, et au bien-être des populations locales. En RDC, pourtant, la réalité est bien différente.
Dan Gertler, à travers des transactions douteuses et des négociations secrètes, aurait acquis les droits sur des royalties pour trois des projets miniers les plus rentables du pays : Mutanda Mining, Kamoto Copper Company (KCC), et Metalkol. Selon les estimations, il percevrait près de 250 000 dollars par jour grâce à ces royalties. Pourtant, ce montant ne parvient pas dans les caisses de l’État congolais, et encore moins dans les poches des communautés locales, qui souffrent des impacts négatifs de l’exploitation minière sur leur environnement et leur santé.
Le détournement de ces ressources prive la RDC de la possibilité de financer des programmes sociaux essentiels, de développer des infrastructures modernes, ou de renforcer son système de santé et d’éducation. Les communautés rurales, en particulier, continuent de vivre dans une pauvreté extrême, malgré la richesse qui se trouve sous leurs pieds. Il est donc légitime de se demander : comment le pays pourrait-il se relever de ses défis économiques et sociaux si ses ressources sont accaparées par des acteurs privés ? Le rapport de la CNPAV met en lumière l’absence de transparence dans les transactions liées à ces royalties. Selon les lois congolaises, toute cession d’actifs publics doit passer par un appel d’offres transparent, une évaluation indépendante de la valeur des actifs, et l’approbation des autorités compétentes. Or, ces transactions ont eu lieu dans un grand secret, sans respect des procédures légales.
Cette dérive ne se limite pas à une simple question administrative ; elle soulève des interrogations plus larges sur la gouvernance miniere en RDC. Si des acteurs externes peuvent détourner à ce point les richesses du pays sans rencontrer d’obstacles, cela reflète une défaillance systémique des institutions et une corruption endémique qui compromet sérieusement l’avenir de la nation.
Cette situation n’affecte pas seulement les communautés locales, mais également les investisseurs et les acteurs économiques en général. En réduisant la part des royalties qui revient à l’État, Dan Gertler et d’autres acteurs privés agissent de manière à fragiliser la stabilité économique de la RDC. Les investisseurs étrangers, qui pourraient être attirés par un secteur minier prometteur, sont dissuadés par un climat d’incertitude et de risques liés à l’opacité des transactions et à la faiblesse des régulations. De plus, la situation affecte les consommateurs locaux, qui voient la qualité de vie se détériorer sous le poids des injustices économiques et sociales. La promesse d’une meilleure redistribution des richesses, qui devrait résulter de l’exploitation minière, se heurte à une réalité où les bénéfices sont siphonnés par des intérêts privés au lieu d’être investis dans le développement du pays. Face à cette situation, la coalition Congo N’est pas à Vendre avait reagit en dénonçant les accords désavantageux et en plaidant pour une révision des contrats miniers, la société civile s’efforce de redonner à la population congolaise une part plus équitable des bénéfices de ses ressources.
La CNPAV joue un rôle crucial dans la sensibilisation du public et dans la pression exercée sur les gouvernements étrangers, notamment les États-Unis, pour maintenir des sanctions contre les responsables de ces pratiques. Il est désormais urgent d’engager des réformes en profondeur pour garantir que les ressources naturelles profitent réellement aux Congolais et non à un petit cercle d’individus enrichis à leurs dépens. Le temps est venu pour que le peuple congolais reprenne possession de ses richesses et que les acteurs privés et les gouvernements en place comprennent que la vraie prospérité d’un pays ne réside pas dans le pillage de ses ressources, mais dans leur gestion équitable et durable pour son peuple.
Par kilalopress