Kinshasa : La SNEL et l’énergie congolaise – Fin du mythe de l’exportation d’électricité

Depuis des années, les Congolais ont cru à tort que leur pays était un exportateur d’électricité, source hypothétique de richesse nationale. Cependant, les récentes déclarations du ministre des ressources hydrauliques, Teddy Lwamba, ont jeté une lumière crue sur cette illusion persistante. En effet, lors d’un briefing presse ce jeudi, il a confirmé ce que beaucoup redoutaient : la République Démocratique du Congo ne vend aucun mégawatt d’électricité à ses voisins.

Interrogé sur les retombées financières potentielles de la vente d’électricité à l’étranger, M. Lwamba a mis fin aux spéculations en affirmant sans ambages que la RDC est en réalité importatrice nette d’électricité. « Aujourd’hui nous n’exportons rien. Par contre nous importons », a-t-il déclaré, énumérant les contributions électriques variées des pays voisins, notamment la Zambie, l’Angola, le Kenya, et même la Centrafrique.

Ces révélations soulignent un décalage alarmant entre les besoins énergétiques du pays et sa capacité de production réelle. Malgré ses vastes ressources hydrauliques, la RDC n’a pas encore exploité pleinement son potentiel énergétique pour répondre aux demandes internes croissantes. La dépendance continue vis-à-vis des importations et les délestages persistants témoignent des lacunes du secteur électrique congolais.

Depuis la libéralisation du secteur de l’électricité en 2014, les progrès sont demeurés timides. La Société Nationale d’Electricité (SNEL) reste le principal acteur, mais sa capacité de production ne suffit pas à satisfaire même la moitié des besoins nationaux. Cette situation soulève des questions cruciales sur la gestion des ressources hydrauliques du pays et l’efficacité de ses infrastructures énergétiques.

Ironiquement, alors que la RDC importe massivement de l’électricité, les projets ambitieux comme le poste de Banda anda à Goma, en liaison avec le Kenya et l’Éthiopie, laissent entrevoir un potentiel inexploité. Pourquoi ces lignes d’énergie ne servent-elles pas principalement à renforcer le réseau interne, plutôt qu’à importer des mégawatts étrangers ?

Cette situation invite à une réflexion profonde sur les priorités énergétiques nationales. Les ressources hydrauliques abondantes de la RDC pourraient non seulement suffire à ses besoins mais également être une source significative d’exportation, si elles étaient gérées avec efficacité et transparence. L’impact potentiel d’une politique énergétique mieux orientée ne se limiterait pas à éliminer les délestages, mais pourrait également stimuler le développement économique et améliorer la qualité de vie pour des millions de Congolais.

Cette révélation selon laquelle la RDC ne vend pas d’électricité à l’extérieur du pays est une piqûre de rappel nécessaire. C’est un appel à une gestion plus stratégique de nos ressources, à une transparence accrue dans le secteur énergétique et à une réorientation vers une autosuffisance énergétique réelle. Le potentiel est là, reste à savoir si nous serons capables de le réaliser pleinement pour le bien de tous les Congolais.

Par Franck Zongwe Lukama

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