Sud-kivu : Mwenga violée par l’or – quand les sociétés chinoises éventrent la terre et le silence congolais

Dans le Sud de Mwenga, le sol gémit et la forêt saigne. À chaque pelletée d’or arrachée à la terre, c’est un cri de douleur que pousse la nature du Sud-Kivu. Les rivières autrefois limpides se sont muées en serpents boueux, les champs en plaies béantes, les étangs piscicoles en tombeaux de poissons. Là où jadis bruissait la vie, s’étend désormais le silence d’un paysage profané.

La société civile environnementale du territoire de Mwenga tire la sonnette d’alarme. Elle dénonce, avec des mots trempés de colère, la destruction impitoyable de l’environnement par des sociétés à capitaux chinois, installées illégalement sur les terres des chefferies de Wamuzimu et de Lwindi. Ces entreprises, tolérées par le mutisme complice de certaines autorités, exploitent sans foi ni loi les minerais du sous-sol congolais, au mépris du droit, de la dignité humaine et de la vie même.

De Mitobo à Sugulu, de Lugushwa à Kalinjanja, de Kibe à Ngando, la terre est meurtrie. Le sol est dévoré, les collines éventrées, les forêts rasées. Les populations locales n’ont plus de champs à cultiver, plus de poissons à élever, plus de rivières à boire. Elles n’ont plus que leurs poings levés, leurs cris étouffés, et leurs marches réprimées.

Depuis des années, ces communautés tentent de se faire entendre. Elles marchent, elles protestent, elles espèrent. Mais leurs voix se perdent dans l’indifférence des grandes villes, dans les bureaux climatisés de ceux qui prétendent gouverner pour le peuple. À Kinshasa, les discours se multiplient ; à Mwenga, la poussière et la faim aussi.

« Ces populations se voient abandonnées à leur triste sort », déplore M. Mukobelwa, figure de la société civile environnementale. Son appel résonne comme un dernier avertissement : que les autorités nationales sortent de leur torpeur et se saisissent de ce dossier avant que la colère des forêts ne se transforme en tempête humaine.

Car ici, au cœur du Sud-Kivu, ce n’est pas seulement la nature qu’on assassine. C’est un peuple qu’on mutile, un avenir qu’on enterre sous les gravats de l’or volé. Mwenga ne veut pas mourir en silence. Mwenga appelle à la justice, à la réparation, à la dignité retrouvée. Et pendant que les pelleteuses continuent de creuser, la terre, elle, continue de pleurer.

Par kilalopress

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