RDC : Campagne Notre Terre sans Pétrole – participants mobilisés pour relayer les enjeux climatiques et promouvoir des alternatives durables avant la COP30

Sous les fenêtres claires de la salle Garamba, à Kinshasa, l’atmosphère était à la fois chargée d’indignation et d’espoir ce lundi 27 octobre 2025. Autour du thème « Renforcer les engagements climatiques de la RDC pour limiter le réchauffement à 1,5°C », l’atelier national organisé par la coalition Notre Terre Sans Pétrole (NTSP) a rassemblé scientifiques, acteurs publics, communautés locales et figures de la société civile pour une journée de réflexion sur l’avenir énergétique du pays.

Dès 8 heures, les participants ont afflué dans la salle, accueillis par le protocole dans une atmosphère à la fois studieuse et militante. Après la présentation du programme par le modérateur Serge Ngimbi, le ton a été donné par le coordonnateur de la coalition NTSP, qui a rappelé la raison d’être de cette initiative : interpeller les décideurs congolais sur la contradiction entre les ambitions climatiques du pays et la mise en vente de 52 blocs pétroliers et gaziers.

Le premier panel, animé par Me Willy Elua de APEM, Alphonse Khonde, a dressé le tableau d’une RDC à la croisée des chemins : “solution climatique” reconnue à Glasgow lors de la COP26, mais encore vulnérable face aux effets des changements climatiques et à la tentation du pétrole.

Dans son introduction, Me Willy Elua a rappelé que le changement climatique est aujourd’hui “l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur la planète Terre”, se manifestant par des dérèglements météorologiques visibles jusque dans la saison des pluies de Kinshasa. Il a expliqué que cette crise, causée par l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz, bouleverse non seulement les écosystèmes, mais aussi les habitudes des communautés riveraines du fleuve et des zones rurales. Pour lui, “limiter les effets du réchauffement nécessite de réduire la dépendance aux énergies fossiles, de promouvoir les énergies renouvelables comme le solaire, et d’accompagner cette transition par des politiques publiques ambitieuses et une prise de conscience collective”.

Les interventions suivantes ont exploré la responsabilité climatique du secteur public et privé, notamment à travers les communications d’experts du ministère des Hydrocarbures et du ministère des Finances.
Les experts gouvernementaux ont, quant à eux, défendu la poursuite de l’exploration pétrolière tout en assurant que les aspects environnementaux restent “intégrés dans les études d’impact et les conventions pétrolières”. “Nous devons booster l’économie nationale tout en respectant la loi environnementale”, ont-ils insisté, saluant un débat “riche et équilibré entre défenseurs du climat et acteurs du secteur extractif”.

Les discussions ont mis en lumière les risques environnementaux et sociaux liés au développement extractif, mais aussi les incohérences entre les politiques économiques actuelles et les engagements climatiques internationaux de la RDC.

Dans la salle, les échanges ont parfois pris des accents passionnés. C’est à ce moment que Pascal Mirindi, coordonnateur de la campagne Notre Terre Sans Pétrole, a replacé la lutte dans son histoire récente. Il a rappelé que tout a commencé en 2022, lorsque le gouvernement avait lancé la vente de blocs pétroliers sans transparence claire. “Nous nous sommes interrogés : pourquoi vendre nos blocs ? Pour quel impact ?”, a-t-il expliqué, dénonçant la “dilapidation de fonds publics” et un manque de cohérence entre les ambitions climatiques et les actes politiques. Selon lui, la campagne NTSP est née de cette nécessité de coordination entre acteurs congolais et d’un double engagement : “dire non au pétrole destructeur et proposer des alternatives viables, basées sur les énergies propres et la gouvernance transparente”.

L’après-midi, les débats ont pris un tournant plus prospectif. Sous la modération de vittoria Moretti, le troisième panel a exploré les alternatives économiques durables, avec des interventions remarquées de Joseph Bobia (R-EDH), plaidant pour des modèles de croissance basés sur les énergies renouvelables, l’agroécologie et la foresterie communautaire. Les experts environnementaux Pascal Mirindi et JR Bowela ont, quant à eux, tiré la sonnette d’alarme sur l’expansion du pétrole dans la région d’Afrique de l’Est, rappelant les menaces qu’elle fait peser sur le bassin du Congo et les communautés riveraines.

Au fil des heures, la journée s’est transformée en véritable forum d’engagement collectif. Les participants ont adopté des recommandations clés destinées à la délégation congolaise pour la prochaine COP30 de Belém (Brésil). Parmi ces recommandations figurent :

  • la nécessité d’une analyse transparente des impacts des projets pétroliers sur les écosystèmes et les populations ;
  • la promotion de filières vertes créatrices d’emplois et respectueuses du climat ;
  • et l’élaboration d’une feuille de route nationale de plaidoyer post-COP, alignée sur les CDN et le Plan Climat.

À l’issue des échanges, plusieurs participants ont partagé leur satisfaction.
“Je suis très satisfaite, car nous avons désormais des informations claires et un message commun à porter à la COP30”, a déclaré une ambassadrice du climat, saluant “la diversité des réseaux et la convergence des voix en faveur d’une même cause”.
Même sentiment pour Apollinaire Ngimbi, de l’Initiative pour le Développement Local (IDEL), qui a apprécié “un débat franc entre le gouvernement et la société civile sur les enjeux du pétrole et de la transition énergétique”. Il a plaidé pour “un État développeur, capable de repenser l’économie congolaise et de faire de la biodiversité un atout stratégique”.

La journée s’est achevée sur la lecture de la déclaration finale, marquant un consensus fort : la défense d’une RDC sans pétrole destructeur, mais riche de solutions locales et d’intelligence collective. Avant la clôture, le coordonnateur de l’IDEL, Serge Ngimbi, a exprimé sa satisfaction : “Notre objectif de réunir toutes les parties prenantes pour débattre de la question climatique et pétrolière est atteint. Les recommandations issues de cet atelier serviront de base à une feuille de route commune vers la COP30.”

Alors que les applaudissements résonnaient encore dans la salle, un sentiment d’urgence et de responsabilité traversait les visages. La bataille pour une “Terre sans pétrole” ne fait que commencer — et Kinshasa vient d’en écrire une page décisive.

Par kilalopress

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