Sud-Kivu : Des ressortissants chinois de nouveau au cœur d’un réseau d’exploitation illégale des mines

Une nouvelle affaire de trafic illégal de minerais secoue la province du Sud-Kivu, au cœur de la République Démocratique du Congo (RDC). À Karhengo, dans le territoire de Walungu, des ressortissants chinois ont été interpellés en possession d’une quantité impressionnante d’or et de fonds liquides, une saisie qui met en lumière la récurrence et l’ampleur du phénomène de l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la province.

L’ampleur de cette découverte est frappante : 800 000 dollars américains en liquide et 10 lingots d’or, témoignant d’un commerce illicite florissant qui échappe encore trop souvent aux radars des autorités. Les responsables de cette nouvelle prise n’en sont pas à leur première incartade. Ce n’est pas la première fois que des ressortissants chinois sont impliqués dans de telles pratiques. En effet, une précédente affaire avait déjà vu l’expulsion de 14 citoyens chinois dans des circonstances similaires, mais aucun effort tangible n’a été fait pour récupérer les fonds indûment acquis ni pour démanteler les réseaux d’exploitation.

Me Néné Bintu Iragi, présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, n’a pas mâché ses mots à ce sujet. « Les autorités doivent prendre leurs responsabilités », a-t-elle déclaré, insistant sur l’inaction récurrente des pouvoirs publics face à l’exploitation illégale qui gangrène les mines de la province. Selon elle, les territoires de Mwenga, Shabunda, Fizi, Idjwi, Walungu, Uvira, Kalehe et Kabare sont devenus des zones de non-droit où les ressources minières sont pillées sans vergogne, et où les communautés locales en paient le prix fort. Les préoccupations soulevées par la société civile vont au-delà des simples saisies matérielles. À l’issue de cette saisie à Karhengo, une question brûlante se pose : que va-t-il advenir des 10 lingots d’or et des 800 000 dollars ? L’expérience passée laisse peu d’espoir. Après les précédentes saisies, une grande partie de l’argent illégalement acquis a disparu dans des circonstances troubles, sans qu’aucune poursuite judiciaire significative ne soit engagée contre les responsables.

L’exploitation illégale des ressources naturelles est une plaie qui ne cesse de se propager au Sud-Kivu, touchant tant les communautés locales que les écosystèmes. Pourtant, malgré l’ampleur du phénomène, les mesures prises par les autorités restent largement insuffisantes. La société civile réclame une approche plus rigoureuse et systématique, en appelant à la mise en place d’une stratégie globale pour lutter contre ces réseaux criminels. Me Néné Bintu Iragi appelle également à une enquête indépendante et transparente sur cette affaire, afin d’identifier tous les responsables et complices de ce commerce illégal. La société civile exige que les lingots d’or et les dollars saisis soient sécurisés et utilisés à des fins sociales, notamment pour le développement des communautés locales, qui voient leurs terres et leurs ressources exploitées sans bénéfice.

De plus, la protection des lanceurs d’alerte devient une priorité absolue dans ce contexte. Les journalistes et les membres de la société civile, qui ont fait preuve d’un courage exceptionnel en enquêtant sur ces pratiques, doivent être protégés contre toute forme de représailles. Certains journalistes n’ont pas hésité à risquer leur vie en se rendant de nuit à la résidence du gouverneur pour obtenir des informations sur l’affaire. Leurs actions ont été essentielles pour exposer les pratiques illégales en cours. Cette affaire ne se limite pas à une simple histoire de saisie de fonds. Elle met en lumière l’un des plus grands défis de la RDC : l’exploitation incontrôlée de ses ressources naturelles, qui détruit l’environnement et empêche le développement local. Les communautés voisines des zones minières subissent quotidiennement la pollution des rivières, l’effondrement des écosystèmes et la perte de terres agricoles. Les bénéfices de cette exploitation se concentrent dans les mains de quelques acteurs peu scrupuleux, souvent étrangers, tandis que les Congolais, eux, n’en voient jamais la couleur. Face à cette situation, l’implication de la société civile, mais aussi des médias et des acteurs internationaux, est plus que jamais essentielle pour forcer les autorités à prendre des mesures concrètes. Les richesses naturelles du Sud-Kivu ne doivent plus être un fardeau, mais un moteur de développement durable pour les populations locales. Les autorités provinciales et nationales doivent non seulement lutter contre l’exploitation illégale, mais aussi garantir une gestion équitable et transparente de ces ressources.

Cette nouvelle affaire de saisie d’or et de fonds au Sud-Kivu interpelle à plusieurs niveaux. Elle soulève des questions cruciales sur l’efficacité des politiques de lutte contre les trafics illégaux dans la région, mais aussi sur l’avenir des richesses naturelles congolaises face à un pillage systématique qui perdure depuis trop longtemps. Le Sud-Kivu mérite mieux que cette inaction chronique. Il est grand temps de rompre avec la complaisance et de faire en sorte que les ressources de la province profitent véritablement à ses habitants, tout en protégeant son environnement fragile. Les autorités doivent répondre présent. L’heure de la transparence et de l’action est désormais arrivée.

Par kilalopress

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