RDC : un atelier à Kinshasa réunit société civile et techniciens de l’environnement pour intégrer l’agroécologie dans la stratégie nationale de conservation en dehors des aires protégées, à l’occasion de la Semaine du Climat

Kinshasa, 30 octobre 2025 – Réunis dans la capitale congolaise, des acteurs de la société civile, des experts de l’environnement et des représentants de l’administration publique ont planché ce jeudi sur une question essentielle pour l’avenir écologique du pays : comment intégrer l’approche agroécologique dans la Stratégie nationale de conservation de la nature en dehors des aires protégées. Une rencontre technique, mais porteuse d’un message clair : la préservation de la biodiversité congolaise ne peut plus être pensée sans transformer nos pratiques agricoles.

Cet atelier, organisé par la Direction de la Conservation de la Nature (DCN) du Secrétariat général à l’Environnement en collaboration avec ANAPAC/RDC, le Congo Basin Conservation Society (CBCS-Network) et la Société Civile Environnementale et Agro-Rurale du Congo (SOCEARUCO), s’inscrit dans le cadre du processus d’élaboration d’une stratégie nationale de conservation « en dehors des aires protégées ».

Contrairement aux aires protégées, qui bénéficient d’un statut juridique spécifique (comme les parcs nationaux), les zones non protégées sont des espaces où se concentrent la plupart des activités humaines : agriculture, chasse, exploitation forestière et parfois même des formes de criminalité environnementale. C’est là que la pression sur les écosystèmes est la plus forte.

L’objectif du jour était donc d’harmoniser les vues sur la manière d’intégrer l’agroécologie – une approche agricole durable qui s’appuie sur les processus naturels – dans cette stratégie. Une intégration qui, selon les experts, pourrait marquer un tournant pour la gestion des forêts et des terres agricoles en RDC.

Pour Josuer Aruna, directeur pays du Congo Basin Conservation Society, cet atelier représente « un plaidoyer concret pour l’intégration de pratiques respectueuses de la nature dans les politiques publiques ».

« Il est difficile de préserver nos forêts avec l’agriculture conventionnelle. Nous devons aider le pays à améliorer les pratiques au niveau de la base, avec les petits exploitants agricoles, qui sont les gardiens de ces forêts », a-t-il expliqué.
Selon lui, « l’agroécologie est déjà pratiquée par certaines communautés, mais il faut que les politiques publiques les accompagnent et les encadrent pour que les ambitions de conservation, notamment l’objectif international 30×30, deviennent atteignables ».

Le principe du 30×30, adopté dans le cadre du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, vise à protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030. La RDC, qui abrite plus de 60 % des forêts du bassin du Congo, est donc un acteur clé dans cette équation mondiale. Du côté du gouvernement, Patrick Mamboleo, directeur chef de service à la DCN, a confirmé que cette approche était désormais intégrée dans le premier projet de la stratégie nationale.

« L’agroécologie, c’est une agriculture naturelle qui protège la biodiversité. Elle évite l’usage excessif de pesticides ou d’engins qui détruisent les sols. C’est pour cela qu’elle sera incorporée dans la stratégie », a-t-il affirmé.

Mais il ne s’agit pas du seul axe prioritaire.

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« Nous allons aussi aborder les conflits hommes-faune, la lutte contre la criminalité forestière, et même les maladies zoonotiques comme Ebola, qui proviennent souvent de la forêt. Toutes ces réalités doivent être intégrées dans une vision cohérente de conservation », a-t-il ajouté. M. Mamboleo a également annoncé le lancement prochain de concertations provinciales pour recueillir les contributions des communautés locales et peuples autochtones, rappelant que « ce sont eux qui ont préservé nos forêts jusqu’à aujourd’hui ».

Pour Madame Katim Boyangao, présidente nationale de la SOCEARUCO, la participation des organisations communautaires est un pilier de cette stratégie.

« Cette approche agroécologique est capitale pour protéger nos écosystèmes et assurer un avenir aux générations futures. La société civile doit jouer un rôle d’interface entre les communautés et les décideurs, afin que les solutions viennent du terrain », a-t-elle déclaré. L’atelier s’est conclu sur un consensus clair : la conservation de la nature en RDC ne doit plus se limiter aux parcs nationaux.
Elle doit s’étendre à tous les paysages où vivent et travaillent les Congolais, en conciliant production agricole, sécurité alimentaire et préservation de la biodiversité. Comme l’a résumé un participant, « la forêt n’est pas seulement un espace à protéger, c’est un partenaire à écouter ».
Un message fort à l’heure où le pays s’apprête à jouer un rôle central dans les négociations climatiques et de biodiversité à l’échelle mondiale.

Par kilalopress

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