Le 15 avril 2025, un nouveau drame s’est abattu sur le fleuve Congo. Une baleinière baptisée HB Kokolo a pris feu près de Nganda Kinshasa, dans la province de l’Équateur, alors qu’elle reliait le port de Bolenge au village de Ngbondo. Une tragédie évitable, une de plus.
Le nombre exact de victimes reste inconnu à ce jour, mais plusieurs morts et disparus sont confirmés. Ce silence, pesant et indécent, trahit l’inaction institutionnelle face à un fléau qui se répète à un rythme insupportable.
Jean-Paul Boketsu Bofili, sénateur de l’Équateur, déplore ce qu’il appelle lui-même le « nième naufrage ». Mais ses mots résonnent dans un vide assourdissant, tant les autorités semblent anesthésiées par l’habitude du désastre. Junior Bompongo, figure politique locale, est plus tranchant : « Deux drames dans la même région en quelques jours. Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant des actions concrètes ? » La question est brûlante, à l’image des flammes qui ont ravagé la baleinière. Elle est aussi accablante. Car cette tragédie porte la signature d’un système qui abdique ses responsabilités. Surcharge manifeste, absence totale de gilets de sauvetage, contrôle inexistant : les facteurs de ce drame sont connus, dénoncés, documentés. Mais ignorés.
Pire encore, le drame du HB Kokolo intervient à peine une semaine après celui de la baleinière JADOS, le 8 avril dernier, qui avait englouti au moins 50 vies près de Mbandaka. En d’autres termes, l’alerte avait déjà été donnée. L’indifférence persistante qui s’en est suivie relève donc non plus de la négligence, mais d’une complicité tacite. Comme le résume Junior Bompongo : « Une complicité par abandon. » Ce qui aurait dû être un trait d’union vital pour les communautés riveraines devient un tombeau collectif. Le fleuve Congo, artère majestueuse du pays, est en train de se transformer en corridor de la mort. Et pourtant, au matin du 16 avril, aucune déclaration officielle. Aucun bilan. Aucune prise de parole du gouverneur de l’Équateur, malgré les sollicitations des médias de la province. Combien de morts faudra-t-il pour qu’on sorte de cette léthargie criminelle ? Les mots ne suffisent plus. Les hommages ne remplacent pas les gilets de sauvetage. Les discours ne colmatent pas les brèches de bateaux pourris. Il est temps de regarder le fleuve en face. Et d’avoir le courage de ne plus détourner les yeux.
Par kilalopress