Kinshasa : une loi pour la sécurité alimentaire, un espoir pour 28 millions de Congolais menacés par la faim

Kinshasa, 14 avril 2025 — Dans un contexte national marqué par une insécurité alimentaire persistante et alarmante, la République démocratique du Congo franchit une étape décisive.

Ce samedi 12 avril, la députée nationale et rapporteure adjointe de l’Assemblée nationale, Dominique Munongo, a lancé à Kinshasa un atelier de plaidoyer et de sensibilisation consacré à une proposition de loi sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Un signal fort pour une réforme attendue de longue date. Le chiffre est glaçant : 28 millions de Congolais, soit près d’un quart de la population, sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire aiguë, selon les dernières données du Programme alimentaire mondial (PAM). À cela s’ajoute un taux de malnutrition chronique infantile qui atteint 47,9 %, symptôme d’un système alimentaire défaillant à plusieurs niveaux. Face à cette crise structurelle, la proposition de loi, portée par les députés Katembo Thadée Kambere et Alexandre Kambale, vise à instaurer des mécanismes juridiques clairs et opérationnels pour garantir l’accès progressif à une alimentation suffisante, saine et durable pour tous les Congolais. Dominique Munongo a affirmé que le texte sera inscrit au calendrier de la session parlementaire en cours à la chambre basse, soulignant l’importance de transformer les engagements constitutionnels en actions concrètes.

L’article 47 de la Constitution congolaise, modifiée en 2006, garantit le droit à la santé et à la sécurité alimentaire. Mais entre les textes et la réalité, l’écart reste béant. « La situation alimentaire et nutritionnelle de notre pays n’est pas reluisante », a reconnu Dominique Munongo devant une assemblée composée de parlementaires, membres du gouvernement et partenaires internationaux. L’enjeu est de taille : rendre effectif un droit fondamental consacré à la fois par la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention internationale des droits de l’enfant, et la propre Constitution de la RDC. Ce projet de loi ambitionne donc d’aller au-delà des intentions pour structurer une politique alimentaire nationale fondée sur la justice sociale, la durabilité et la souveraineté alimentaire. Le texte prévoit des dispositifs novateurs pour lutter contre les causes profondes de l’insécurité alimentaire, notamment l’instabilité des revenus agricoles, le manque d’accès à la terre, l’insuffisance des infrastructures de distribution, et les effets du changement climatique. Il mise également sur la mobilisation des ressources locales et internationales, l’éducation nutritionnelle, et la protection des groupes les plus vulnérables, notamment les enfants, les femmes enceintes et les personnes déplacées.

L’atelier de Kinshasa marque ainsi le coup d’envoi d’une phase de mobilisation parlementaire et citoyenne. La réussite de cette réforme dépendra de la volonté politique des institutions, mais aussi de la capacité des citoyens, de la société civile et des bailleurs de fonds à s’engager collectivement. Cette proposition de loi n’est pas qu’un texte : elle incarne une prise de conscience face à un fléau endémique, trop longtemps ignoré dans les priorités politiques nationales. À travers ce chantier, la RDC pourrait amorcer une transformation majeure de son système alimentaire, en misant sur la résilience, l’équité et la dignité humaine. Il ne s’agit plus seulement de nourrir la population, mais de garantir un avenir où chaque Congolais, sans distinction, ait accès à une alimentation adéquate — non comme un privilège, mais comme un droit.

Par kilalopress

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